Nobel de la paix 2012: les dirigeants de l’UE saluent la récompense

Le comité Nobel a voulu récompenser l’action de l’Union européenne et des institutions qui l’ont précédée, en faveur de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme en Europe. Les dirigeants de l’Union ont exprimé leur fierté après l’attribution de la prestigieuse distinction. Les eurosceptiques ont raillé le choix du comité Nobel, ainsi que certains militants des droits de l’homme. D’autres critiques ont vu le jour dans la blogosphère à l’adresse d’une Union européenne perçue comme une institution bureaucratique qui impose l’austérité.

C’est un pro-européen convaincu, Thorbjoern Jagland, président du comité Nobel, qui a annoncé que le prix pour la paix revenait à l’Union européenne.

Tout en reconnaissant les difficultés économiques et sociales au sein de l’UE, il a dit que le comité du prix Nobel a voulu récompenser « les succès de l’Union dans la lutte pour la paix, la réconciliation, la démocratie et les droits de l’homme ».

L’acte fondateur de l’Union européenne est la déclaration du ministre français des Affaires étrangères Robert Schuman du 9 mai 1950. D’autres hommes politiques, Konrad Adenauer en Allemagne, Jean Monnet en France et Alcide de Gasperi en Italie, sont considérés comme les « pères de l’Europe ». Réagissant après l’attribution du prix Nobel de la paix, l’ancien chef de la Commission européenne Jacques Delors leur a rendu hommage.

Fondée par six pays en 1951, la Communauté européenne du charbon et de l’acier a été suivie par la Communauté économique européenne, instituée en 1957 par le traité de Rome. Le premier élargissement a eu lieu en 1973, avec l’adhésion du Royaume-Uni, du Danemark et de l’Irlande. La Grèce y a fait son entrée en 1981, suivie de l’Espagne et du Portugal cinq ans plus tard.

Les dirigeants de l’Union européenne n’ont pas réussi à parler d’une seule voix

Thorbjoern Jagland, au nom du comité du prix Nobel, a souligné que les pays qui ont connu la dictature ont dû se transformer en démocratie pour pouvoir intégrer l’Union européenne. Cette dernière a pris son nom et est devenue une union politique en 1992, suite au traité de Maastricht. Après la chute du rideau de fer, l'adhésion de nouveaux membres du centre et de l'est de l'Europe a contribué à élargir et à approfondir la démocratie sur le continent.

L'adhésion prochaine de la Croatie et l'ouverture des négociations d'adhésion avec la Serbie contribuent à la réconciliation dans les Balkans. De même, l’ouverture des négociations d’adhésion avec la Turquie a stimulé les changements démocratiques dans ce pays, selon Thorbjoern Jagland. Le président du comité Nobel a reconnu toutefois que « l’UE connaît actuellement de graves difficultés économiques et des troubles sociaux considérables ».

Après l’attribution du prix Nobel pour la paix, les principaux dirigeants de l’Union européenne ont réagi très vite, mais ils n’ont pas réussi à parler d’une seule voix. Martin Schulz, président du Parlement européen, Herman van Rompuy, président du Conseil européen, José Manuel Barroso, président de la Commission, ou encore Catherine Ashton, haute représentante pour les Affaires étrangères ont exprimé chacun leur joie et leur fierté, par des tweets et des communiqués. Qui ira le 10 décembre à Oslo pour recevoir le prix Nobel pour la paix au nom de l’Union européenne ? Ce n'est pas encore clair.

Quelques personnalités ont critiqué le choix de l’UE pour le prix Nobel de la paix

Les eurosceptiques britanniques ont accueilli avec sarcasme et réprobation l'attribution du prix Nobel de la paix à l'Union européenne.

L'eurodéputé Nigel Farage milite depuis des années pour le retrait du Royaume-Uni de l'UE : « C’est ridicule ! Il fallait seulement voir les foules violentes qui ont accueilli la chancelière Angela Merkel lors de sa visite en Grèce ! C’est ça la vérité : la zone euro du Sud se bat contre la zone euro du Nord. Nous vivons dans une Europe des divisions et des protestations violentes. »

L’attribution du prix Nobel de la paix à l’Union européenne a aussi été critiquée par quelques personnalités de la société civile, dont Lech Walensa et Lioudmila Alexeeva.

Le leader historique du syndicat polonais Solidarité, lui-même lauréat du prix Nobel pour la paix, et l’ex-dissidente soviétique auraient préféré que la prestigieuse récompense revienne à des militants pour les droits de l’homme qui se sont engagés personnellement dans le combat.

Des commentaires acerbes ont fusé ici et là dans la blogosphère. « Une UE sans démocratie, en décomposition, sous austérité allemande et au bord de la crise des nerfs a reçu le Nobel de la paix », écrit un utilisateur de Twitter. Et Martin Schulz, le président du Parlement européen, affirme lui-même : « Nous ne pouvons pas vivre dans une union où, dans un pays, les gens sont très riches (…) et dans les autres, les gens, même les universitaires, doivent fouiller dans les poubelles pour trouver quelque chose à manger. C’est indigne d’une union qui a reçu le prix Nobel de la paix ! ».

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