De notre envoyé spécial à Gaomi, Stéphane Lagarde
Le nom du prix Nobel de littérature est devenu un sujet de plaisanteries sur internet. Mo Yan signifie en chinois « Ne parle pas ». Il est associé à tout ce qui fait l’objet des ciseaux de la censure en Chine. Mo Yan (« Ne parle pas ») de la démocratie, Mo Yan (« Ne parle pas ») réforme politique, Mo Yan (« Ne parle pas ») des libertés civiles.
L’auteur du « Clan Sorgho » n’a pourtant rien d’un écrivain officiel. Dans son dernier opus « Grenouille », il dénonce par exemple la politique de l’enfant unique. Mais ce que lui reprochent certains intellectuels c’est son manque d’engagement politique ces deux dernières années. Mo Yan a refusé de répondre aux questions après l’arrestation de Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix 2010.
Impardonnable, également, selon ces internautes engagés, sa participation en mai dernier a un hommage collectif à Mao. Cent écrivains avaient reproduit à la main l’un de ses plus célèbres discours.
Jusque là très prudent, Mo Yan met aujourd’hui les autorités dans l’embarras. Le chef de la propagande et le porte-parole de la diplomatie chinoise ont fini ce vendredi matin, après plusieurs heures de silence, par féliciter l’écrivain pour son prix.