Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Personne ne connaissait Liu Xiaobo en Chine avant l’attribution du prix Nobel il y a deux mois. Depuis les choses ont bien changé. La censure n’arrête pas l’internet, n’arrête pas les téléphones portables.
Même si une grande partie de la population reste silencieuse, le prix Nobel fait débat notamment à l’université où cette étudiante a bien voulu nous parler, à l’abri du terrain de sport : « ... Entre les étudiants normaux ils ne parlent pas souvent de ça... » Qui sont ces étudiants normaux et ceux qui ne le sont pas ? « Ce sont plutôt les étudiants qui préfèrent les sujets sur le changement de système, les sujets comme ça... ».
Des étudiants qui veulent justement changer le système ont installé une banderole « Liu Xiaobo reçoit le prix Nobel 2010, Merci le monde, de ne pas oublier le peuple chinois » sur les grilles de l’université Changsha Zhongnan de la province du Hunan dans le sud du pays.
La banderole n’a tenu que quelques minutes mais elle a fait le tour du net aux côtés des communiqués du gouvernement accusant les Occidentaux de vouloir s’immiscer dans les affaires de la Chine postés par les partisans du gouvernement. Un débat vif, souvent enflammé, alors que le nom même du dissident n’apparaît pas sur les écrans ni dans les journaux. Avec cette question : pourquoi cacher l’existence d’un prix Nobel chinois ?... « Si on parle du Prix Nobel je suis fière. C’est un Chinois quand même. Mais sur le point de vue politique, je ne peux rien dire », ajoute aussitôt cette étudiante.