En se présentant face aux députés, Jean-Marc Ayrault savait qu’il n’avait pas la partie facile. Comment faire oublier, en effet, aux récalcitrants de la majorité que le traité budgétaire européen qu’on leur demande de ratifier est celui qui a été signé par le duo honni Nicolas Sarkozy-Angela Merkel. Comment les convaincre que tout a changé, alors même que les parlementaires de l’UMP ne cessent, eux, de se réjouir de voter un texte présenté comme un héritage laissé par l’ancien président.
Comment ? En expliquant d’abord que la rigueur budgétaire, indispensable pour réduire la dette, n’est pas une conséquence de ce traité, mais une nécessité pour préserver la souveraineté de la France. En martelant que des aménagements ont été trouvés, comme celui qui permet d’éviter d’inscrire la « règle d’or » dans la Constitution, comme le Pacte de croissance qui rééquilibre les priorités.
En dramatisant aussi un peu l’enjeu : menaces d'« une crise politique », de « l’effondrement de l’union monétaire »… Mais surtout en montrant qu’il y aura un après, que ce traité n’est pas une fin en soi mais le début d’autre chose. Un message à l’adresse finalement de quelques-uns seulement, quelques-uns de la majorité, ceux qui de toute manière n’y croiront pas, puisque au bout du compte la ratification ne fait pas de doute.
La seule incertitude est de savoir quel bénéfice politique en tirera le gouvernement, donc le nombre de voix qui manqueront, ou pas, dans la majorité.