Russie: les Pussy Riot vont faire appel de leur condamnation

Les trois jeunes femmes du groupe punk russe Pussy Riot ont été condamnées vendredi 17 août à deux ans de camp chacune pour «hooliganisme» et «incitation à la haine religieuse», une peine sévère vivement critiquée à l'étranger. Un verdict «disproportionné» pour les Etats-Unis et la France, qui selon le Royaume-Uni met en cause l'engagement de la Russie à protéger les droits fondamentaux et les libertés. Les trois jeunes femmes étaient poursuivies après avoir chanté en février dernier une prière punk, dans une cathédrale de Moscou, dans laquelle elles appelaient la Vierge à chasser Vladimir Poutine du pouvoir.

Avec notre correspondante à Moscou, Caroline Gaujard

« Honte aux policiers, honte au tribunal, liberté pour les Pussy Riot ! », tels étaient les slogans scandés par les indignés du procès des trois jeunes femmes devant le tribunal de Moscou.

Les citoyens russes sont excédés par le système Poutine, qui gagne chaque jour un peu plus de terrain sur leurs libertés individuelles, car on est conscient en Russie que c’est bien le président russe qui tient les ficelles de ce procès politico-religieux.

Katia, âgée de trente ans, n’avait pas participé aux manifestations, au lendemain des élections législatives et présidentielles. Cette fois, elle a décidé de faire le déplacement :

« Je sens que je n'ai aucune liberté et le procès des Pussy Riot m'a fait ressentir tout le système qui existe en Russie, aujourd'hui. Je m'attendais à ce qu'elles prennent trois ans de prison mais si elles prennent deux ans, cela revient au même. Il s'agissait d'une protestation politique de leur part. Le tribunal a dit qu'il s'agissait d'une protestation religieuse, ce n'est pas vrai. C'est une protestation politique. J'ai très peur que ma liberté puisse être supprimée actuellement, je peux le ressentir maintenant. Je me dis que si cela continue, dans cinquante ans, on pourrait avoir un système identique à celui de la Corée du Nord ».

« Les Pussy Riot voulaient frapper un grand coup contre la machine judiciaire », disait cette semaine l’une d’entre elles. « Nous sommes seules, nous avons perdu. D’un autre côté, nous avons gagné. Le monde entier a pu voir ».

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