Avec notre correspondante à Moscou, Veronika Dorman
Pendant 10 ans, les enfants de la communauté religieuse des « faïzrakhmanistes » n’ont pas vu la lumière du jour. C’est ce qu’a indiqué le ministère de l'Intérieur du Tatarstan, après la découverte à Kazan d’une mosquée clandestine. Ses 64 membres, dont 27 enfants, ont vécu dans un bunker construit comme un labyrinthe. Une fourmilière de huit étages, dont une partie en sous-sol, des cellules minuscules sans fenêtres, insalubres et étouffantes.
Les enfants auraient jamais reçu ni éducation, ni soins médicaux. Le chef spirituel de la secte, le prophète autoproclamé Faïzrakhman Satarov, interdisait à ses adeptes de quitter le souterrain sauf pour une urgence extrême. Avant d’être arrachés à leur prison et confiés aux services sociaux, les enfants ont dû être hospitalisés.
Les adultes, eux, sont accusés de mauvais traitements et devront passer devant la justice. Tout comme Satarov, un vieillard de 80 ans, sénile et alité qui dirigeait sa secte par l’intercession d’un disciple. Satarov s’est déclaré prophète en 1964, et prêchait un islam radical, ne reconnaissant ni les lois de la fédération de Russie, ni celle des musulmans du Tatarstan.