A chaque JO ses polémiques. A Pékin, en 2008, ce sont les atteintes aux droits de l’homme dans le pays et la pollution qui étaient dénoncées. Pour ceux d’Athènes, en 2004, on pointait les retards pris sur les différents chantiers des sites. Les Jeux de Londres ne dérogent pas à la règle et pas un jour ou presque ne passe sans qu’une nouvelle révélation ne vienne entacher l’organisation de la compétition à venir.
- Les manquements de G4S, l’entreprise chargée de la sécurité
G4S, la plus grande société de gardiennage au monde, s’était engagée à fournir 10 400 agents de sécurité pour un contrat de plus de 360 millions d’euros. Samedi 7 juillet, le gouvernement anglais a appris que l’entreprise ne pourrait pas honorer son contrat. Seuls 4 000 gardes seraient disponibles. Pour pallier ce manque, le gouvernement a annoncé la réquisition de 3 500 soldats supplémentaires. Un nombre insuffisant d’après le quotidien The Guardian qui a annoncé que des officiers de police devraient également être mobilisés.
A deux semaines du lancement des JO, l’annonce pouvait être jugée comme relevant de l’improvisation. Mais la ministre de l’Intérieur Theresa May a tenu à calmer les critiques des parlementaires de l’opposition. « L’opération de sécurité planifiée méticuleusement est la plus importante et la plus complexe mise sur pied dans le pays depuis la Seconde Guerre mondiale », a-t-elle affirmé. Ces mesures sont d’autant plus considérables que la capitale britannique a été frappée par l’un des pires attentats de son histoire 24 heures après avoir été choisie pour accueillir les JO. Le 7 juillet 2007, des bombes placées dans les transports publics avaient fait 52 morts.
Si le gouvernement tente de faire bonne figure, l’affaire est un coup dur pour G4S. Au lendemain de l’annonce de remplacer les agents de sécurité manquants par des militaires, l’action de l’entreprise a chuté de 2,52% à la Bourse de Londres. G4S risque par ailleurs une amende de 12 à 25 millions d’euros pour ne pas avoir rempli son contrat. Elle devra également couvrir le coût lié au déploiement des 3 500 soldats supplémentaires. Au total, 40 000 hommes seront mobilisés.
- L’hébergement insalubre des agents d’entretien
Dans l’est londonien, à quelques centaines de mètres du stade olympique, un vaste campement constitué de préfabriqués en tôle grise s’étend à l’abri des regards. C’est ici que sont logés les agents d’entretien recrutés pour les Jeux. Dix couchages par baraquement, un seul WC pour 25 personnes et une douche pour 75. On est loin, très loin de l’image glamour habituellement associée à la compétition.
« Quand j’ai vu les barrières métalliques et la grande tour au milieu, j’ai eu l’impression d’être dans un camp de prisonniers, raconte Andrea Murnoz, une étudiante madrilène de 21 ans, au tabloïd britannique The Daily Mail qui a révélé l’affaire. Je pensais postuler pour un emploi, mais j’y ai tout de suite renoncé. Mes deux amis qui ont signé doivent maintenant s’en mordre les doigts ». Le quotidien rapporte par ailleurs que les employés séjournant sur le campement se sont engagés à ne pas parler à la presse et ont interdiction de recevoir leur famille ou amis, « pour des raisons de sécurité ».
Bien que les conditions d’hébergement ne soient pas conformes aux lois en vigueur, les autorités ont donné leur accord à l’installation de ce campement au prétexte qu’il est temporaire. Et même l’insalubrité a un prix. Les occupants des lieux doivent débourser chaque jour 18£, soit un peu plus de 22€, de loyer.
- Des uniformes américains « made in China »
Dessiné par Ralph Lauren, l’uniforme des athlètes américains pour la cérémonie d’ouverture des Jeux, vendredi 27 juillet, est élégant : béret, blazer bleu marine frappé du traditionnel joueur de polo, et pantalon ou jupe blanche. Le tout agrémenté des trois couleurs rappelant le drapeau américain. Problème : il n’a pas été fabriqué aux Etats-Unis mais en Chine, ce qui n’a pas manqué d’outrer certains élus démocrates.
Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, a ainsi appelé à « rassembler ces vêtements en un gros tas et les brûler ». Chuck Schumer, sénateur de New York, a carrément lancé : « Nos athlètes olympiques ne s’entraînent pas toute leur vie pour finir dans des tenues réalisées en Chine ». Un projet de loi visant à ce que les costumes soient obligatoirement fabriqués sur le sol américain a même été annoncé.
S’il est trop tard pour remplacer les uniformes actuels – ils ont déjà été livrés aux sportifs – le Comité olympique des Etats-Unis a affirmé que ceux des JO d’hiver 2014, seront réalisés sur le territoire américain.
Trois nouvelles polémiques, donc, qui viennent s’ajouter à celles concernant le coût exorbitant de la compétition, les conditions de travail dans les usines indonésiennes et chinoises où ont été fabriqués les maillots officiels et la mascotte des JO, ou encore les problèmes de transport londonien. En se portant candidate pour l’organisation des Jeux, Londres espérait qu’ils seraient générateurs d’emplois et de croissance. Mais pour l’instant, ce sont surtout les déboires qu’elle semble accumuler.