De notre correspondante à Lisbonne, Marie-Line Darcy
La suppression des primes des fonctionnaires pour cause d’austérité n‘est pas constitutionnelle, mais elle le sera quand même pour l’année 2012. C’est un curieux jugement qu’a rendu la Cour constitutionnelle portugaise.
D’un côté, supprimer les primes de Noël et de vacances ne respecte par le principe d’égalité des citoyens, mais de l’autre on fermera les yeux sur ce principe en 2012 au nom de l’intérêt suprême du pays. Il s'agit de correspondre aux engagements pris devant les bailleurs de fonds internationaux contre une aide de 78 milliards d’euros. Si l’avis de la Cour a provoqué un certain soulagement chez les fonctionnaires et les syndicats, l’accalmie s’annonce de courte durée.
Le premier ministre Pedro Passos Coelho, en commentant la décision de la Cour, a clairement laissé entendre que l’ensemble des salariés risquent fort d’être soumis prochainement à un impôt exceptionnel. A l’exemple de ce qui s’est passé à Noël 2011 avec la ponction directe d’une partie du 14e mois des travailleurs, pour permettre un encaissement de 1,2 milliard dans les coffres de l’État.
Cette année, face à des bilans intermédiaires plutôt catastrophiques, le gouvernement a un besoin urgent de la prime de vacances des fonctionnaires, attribuée en juin et juillet, s’il veut avoir des chances de ramener le déficit public à 4,5%.
Un nouveau coup de canif dans les revenus des Portugais, en cas d’impôt exceptionnel, risque fort d’avoir du mal à être accepté par une population qui s’essouffle dangereusement.