Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Il y a au moins deux mille personnes actuellement détenues dans le cadre des trois instructions du dossier KCK, acronyme d’Union des communautés du Kurdistan, un réseau censé représenter l’implantation urbaine de la rébellion du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan).
Un premier procès, regroupant essentiellement des élus ou des cadres du BDP, le Parti pour la paix et la démocratie (une formation kurde légale puisque représentée au Parlement), est déjà en cours depuis plusieurs mois.
La troisième vague d’arrestations, qui remonte tout juste à la semaine dernière, a mené à l’incarcération de plusieurs dizaines de syndicalistes. Quant à ceux qui comparaissent aujourd’hui, c’est en avril dernier qu’ils ont été interpellés et pour la plupart écroués.
Parmi eux, le célèbre éditeur et défenseur des droits de l’homme Ragip Zarakolu, et la sociologue Büshra Ersanli, elle aussi très engagée dans les questions de liberté d’expression. Il risquent respectivement jusqu’à quinze et vingt-deux ans d’emprisonnement.
Büshra Ersanli est accusée de diriger cette nouvelle structure, censée être directement liée au PKK. Après 28 ans de lutte armée, le PKK est très critique quant aux nouvelles tractations entre le gouvernement et l’opposition, kurde comprise, pour résoudre pacifiquement et démocratiquement ce conflit. Une solution que soutenaient pourtant ces intellectuels aujourd’hui à la barre des accusés.