En Turquie, ouverture du procès d'opposants kurdes présumés terroristes

Ce lundi s'ouvre, dans les environs d'Istanbul, le procès de 193 opposants kurdes accusés d’appartenir à une organisation terroriste. Parmi eux, des intellectuels et des professeurs d’université connus pour leur engagement pour la paix. La question kurde est un sujet toujours sensible en Turquie. Le gouvernement tente actuellement de résoudre le problème par la voie pacifique, mais continue les interpellations et les mises en accusation. 

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Il y a au moins deux mille personnes actuellement détenues dans le cadre des trois instructions du dossier KCK, acronyme d’Union des communautés du Kurdistan, un réseau censé représenter l’implantation urbaine de la rébellion du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan).

Un premier procès, regroupant essentiellement des élus ou des cadres du BDP, le Parti pour la paix et la démocratie (une formation kurde légale puisque représentée au Parlement), est déjà en cours depuis plusieurs mois.

La troisième vague d’arrestations, qui remonte tout juste à la semaine dernière, a mené à l’incarcération de plusieurs dizaines de syndicalistes. Quant à ceux qui comparaissent aujourd’hui, c’est en avril dernier qu’ils ont été interpellés et pour la plupart écroués.

Parmi eux, le célèbre éditeur et défenseur des droits de l’homme Ragip Zarakolu, et la sociologue Büshra Ersanli, elle aussi très engagée dans les questions de liberté d’expression. Il risquent respectivement jusqu’à quinze et vingt-deux ans d’emprisonnement.

Büshra Ersanli est accusée de diriger cette nouvelle structure, censée être directement liée au PKK. Après 28 ans de lutte armée, le PKK est très critique quant aux nouvelles tractations entre le gouvernement et l’opposition, kurde comprise, pour résoudre pacifiquement et démocratiquement ce conflit. Une solution que soutenaient pourtant ces intellectuels aujourd’hui à la barre des accusés.

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