Certes, Madrid a réussi à emprunter, ce jeudi, plus de 2 milliards d’euros sur les marchés, mais ses taux sont en forte hausse. Les taux sur la dette espagnole à deux ans sont ainsi passés de 2% à plus de 4%, et les taux à cinq ans ont dépassé, pour la première fois, la barre symbolique des 6%.
Le court et moyen terme n'est pas le seul problème. Du côté des émissions obligataires à long terme, la situation est également critique. En début de semaine, les taux d'emprunt de l'Espagne à dix ans ont en effet atteint 7,25%, un record.
C’est toujours la situation du secteur bancaire espagnol qui inquiète les investisseurs. Les banques continuent de payer l’éclatement de la bulle immobilière. Les mauvaises créances accumulées lors de la crise des subprimes représentent aujourd’hui 184 milliards d’euros, soit 60% de leur portefeuille.
L’Eurogroupe planche
Madrid a reçu, ce jeudi en fin d'après-midi, les conclusions de l’audit mené par les cabinets allemand Roland Berger et américain Oliver Wyman. Cet audit indépendant permet de connaître les besoins en refinancement des banques : 62 milliards d’euros dans le pire des cas.
Selon le cabinet Oliver Wyman, il faudra 16 à 25 milliards selon un scénario de base, puis entre 51 et 62 milliards selon les prévisions les plus sombres. La fourchette de Roland Berger n'est guère plus précise : entre 25,6 et 51,8 milliards d'euros... Rapidement, l'Espagne pourrait officiellement demander une aide à la zone euro, dont les ministres des Finances sont réunis ce jeudi au Luxembourg.
Cette aide internationale pourrait prendre la forme d’un prêt injecté dans le fonds public espagnol d’aide aux banques, et viendra alourdir la dette publique du pays qui pourrait approcher les 90% du Produit intérieur brut (PIB), selon les dernières prévisions.
L’inflation et le chômage à la hausse
L'aide devrait par ailleurs être assortie de nouvelles exigences en matière d'austérité. Bien entendu, tout cela va peser sur le niveau de vie des Espagnols, déjà très éprouvés par deux ans de politique de rigueur.
Les fonctionnaires sont les premières victimes. Leurs salaires ont de nouveau été gelés cette année, comme en 2011. Et la plupart des départs à la retraite ne seront pas remplacés. Enfin, des coupes budgétaires ont également été faites dans les secteurs de l'éducation et de la santé. Sans compter l’inflation, qui est repartie à la hausse. Et le chômage qui continue de progresser.
Près de 5,7 millions de personnes sont à la recherche d'un emploi. Soit un taux de chômage de près de 24%. Le plus haut niveau historique en Espagne.