C’est avec inquiétude que les dirigeants européens scrutent l’horizon politique en Grèce. Une large victoire de Syriza, le parti de gauche opposé aux mesures d'austérité entraînerait presque à coup sûr, la sortie de la Grèce de la zone euro et le retour de la drachme.
La plupart des pays membres de l’Union européenne semblent déterminés à interrompre l’aide à la Grèce si le pays ne tient pas ses engagements. Fait rarissime, l’édition allemande du Financial Times a appelé le 15 juin dans un double éditorial, rédigé en grec et en allemand, à « résister à la démagogie d'Alexis Tsipras », le chef de la gauche radicale. « C'est seulement avec les partis qui acceptent les conditions des bailleurs de fonds internationaux que votre pays pourra garder l'euro », avertit le journal. Il ne resterait plus dans les coffres du gouvernement grec que de quoi payer les fonctionnaires jusqu’au mois de juillet. Si le score est trop serré pour permettre à Syriza de gouverner, une coalition prête à tenir les engagements de la Grèce vis-à-vis de l’Europe pourrait arriver au pouvoir et poursuivre une douloureuse politique de redressement.
Les risques d’implosion ne seront pas écartés
Si le gouvernement qui sort des urnes est prêt à tenir ses engagements, le soulagement des dirigeants européens et des marchés sera peut être de courte durée. La politique d’austérité imposée par l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI), a rendu les conditions de vie difficiles pour la majorité de la population grecque. Elle pourrait, comme elle l’a déjà fait, s’exprimer en manifestant violemment son mécontentement et la situation pourrait, à nouveau, échapper à tout contrôle.
Conserver la Grèce dans son giron n’est pas le seul enjeu pour l’Europe. II lui faut construire un nouveau projet. L’élargissement n’est plus la seule politique européenne. L’intégration est en route mais combien de temps faudra t-il pour redonner confiance et espoir ?
Bagarre entre dirigeants européens
A l’issue des élections en Grèce se profile déjà une belle bagarre entre les dirigeants européens. A Paris, le Premier ministre socialiste Jean-Marc Ayrault, après avoir reçu les ténors de l’opposition allemande, a reproché à la chancelière allemande qui mérite, selon lui, plus que jamais son surnom de « Madame Non », ses « formules simplistes ». A Berlin, Angela Merkel a fait un discours très ferme opposant les tenants de la croissance et ceux de l’austérité
Déplorant le « manque de confiance » en zone euro et en mettant en garde contre la « médiocrité », elle a réaffirmé qu’il faut s’attaquer « aux racines de la crise », à savoir « l'endettement et les écarts de compétitivité ». Pour la chancelière allemande, un faux débat est apparu, opposant la croissance à la rigueur budgétaire. « C'est n'importe quoi », a-t-elle martelé.
Pour les Allemands, il n'y aura pas de bonne union économique et monétaire sans union politique. C’est bien l’avenir de l'Europe qui se décide en ce moment et pas seulement celui de la Grèce.