Avec notre correspondant à Madrid,François Musseau
C’est un Mariano Rajoy plutôt sûr de lui, presque satisfait, qui est apparu lors de la conférence de presse de ce dimanche 10 juin. A ses yeux, le sauvetage des banques espagnoles à hauteur de 100 milliards d’euros va permettre « d’assainir totalement l’économie. Il va permettre surtout d’injecter de l’argent dans les banques pour que le crédit redémarre, ce qui devrait se répercuter positivement sur l’emploi ».
Sur le fond, Mariano Rajoy a obtenu ce qu’il voulait, c’est-à-dire éviter la catastrophe d’une intervention comme pour la Grèce et de souligner que cela a été possible grâce à sa politique : cinq mois d’austérité et de coupes budgétaires.
Le gouvernement espagnol gonfle donc le torse d’une certaine manière, alors même que le pays reste quand même au centre de toutes les inquiétudes. Mariano Rajoy a tout fait pour éviter un sauvetage en règle quitte à inventer des euphémismes, comme cette expression à propos du plan européen : juste une simple « aide financière ».
Reste que beaucoup d’Espagnols sont plus circonspects. A la lecture de journaux comme El Pais, El Mundo ou ABC, la prudence est de mise. On se doute bien que tout cela aura un prix : plus de restrictions, la montée de la TVA, la baisse des salaires et d’une manière générale une certaine mise sous tutelle de l’Espagne de la part des organismes internationaux.
Le fléau du chômage
Et tout n'est pas réglé pour autant dans la patrie de Cervantès. Depuis cinq mois le pays se bat pour réduire son déficit budgétaire. Il doit être ramené de 8,9% à 5,3% cette année. De sévères mesures de rigueur accompagnent ces efforts mais aussi des réformes structurelles, surveillées de près par les partenaires européens de l'Espagne.
La quatrième économie de la zone euro a deux problèmes majeurs : le marché du logement avec un stock élevé de logements à vendre et pas de demande ; et le chômage, qui frôle 25%, le niveau le plus élevé du monde industrialisé.