On a vu, récemment, les Grecs se ruer aux guichets des banques pour retirer leur argent. En Espagne, le mouvement est moins apparent, mais la crainte gagne les détenteurs de fonds. En mars dernier, les épargnants espagnols ont transféré à l'étranger plus de 66 milliards d'euros, selon les statistiques de la Banque d’Espagne, afin de les mettre à l'abri d'une éventuelle défaillance de leur banque.
Généralement, ils ont choisi des comptes sur livret dans les banques de pays du nord de l'Europe. Depuis que cette statistique mesurant les entrées et sorties de capitaux a été créée en 1990 en Espagne, c’est le record de fuites des capitaux enregistrées sur un mois. Il y a un an encore, l’Espagne avait au contraire accueilli plus de 5 milliards d’euros en provenance de l’étranger.
Restaurer la confiance
La dégradation de plusieurs banques par les agences de notation ainsi que le sauvetage de Bankia, annoncé il y a quelques jours, ne devraient pas modifier la tendance lorsque la fuite des capitaux pour les mois d'avril et mai sera connue. Pour tenter de restaurer la confiance, le ministre espagnol de l'Economie Luis de Guindos a fait savoir que 70% des banques espagnoles allaient subir des tests de résistance qui seront conduits par le Fonds monétaire international (FMI). Les résultats seront connus dès le 11 juin. Le gouvernement espagnol espère prouver de cette façon que la majorité des banques sont saines et que seules 30% d'entre elles rencontrent des difficultés et devront être recapitalisées.
La Commission européenne a également demandé à l’Espagne de lui communiquer les détails de son plan de sauvetage de Bankia « afin de dissiper au plus vite les incertitudes qui ébranlent la confiance des marchés ».
Inquiétudes sur l’endettement des régions
En revanche, le FMI a démenti travailler à un projet d’aide à l’Espagne. Tout comme le ministre espagnol de l’Economie, qui l’a qualifié de « rumeur sans fondement ». Il n’en demeure pas moins que l’inquiétude autour du secteur bancaire espagnol alimente les craintes en Europe sur l’ensemble de la zone euro. D’autant plus que le gouvernement espagnol doit publier les comptes des 17 régions espagnoles qui, jouissant de l’autonomie financière, ont connu de graves dérapages ces dernières années.
Certaines d’entre elles devront probablement être, elles aussi, aidées par l’Etat, alors même que la conjoncture économique demeure à la récession et que le chômage a battu de nouveaux records en Espagne en avril, à 24,3% de la population active.