Le Français Louis Gallois qui a assisté ce jeudi à Amsterdam à sa dernière assemblée générale, laisse un groupe en très bonne santé. En cinq ans, il a regarni le carnet de commandes d’EADS. Il s’élève aujourd’hui à près de 550 milliards d’euros et représente sept à huit ans de production. L’action s’échange aujourd’hui au-dessus de 27 euros contre 23 euros au début de son mandat.
Le géant européen qui fabrique des avions et notamment l’Airbus, des hélicoptères, des missiles balistiques et la fusée Ariane, affiche des taux de croissance de près de 10% par an. Il emploie 130 000 personnes et compte en embaucher encore 9 000 cette année.
Rationaliser les activités défense
Mais la réussite d’Airbus cache une partie moins réussie du bilan : l’échec de la diversification telle que planifiée dans le plan stratégique 2020. EADS est formé de divisions : Airbus fabrique les avions commerciaux et militaires ; Eurocopter, les hélicoptères ; Astrium, les fusées et les satellites. La quatrième et la moins performante, Cassidian, regroupe les activités militaires qui ne sont pas assurées par les trois autres, comme les radars et les drones. Mais EADS reste trop dépendant des activités d’Airbus, qui représente 70% du chiffre global. Le groupe doit donc se développer dans les autres divisions. Le nouveau patron du groupe devra notamment décider s’il regroupe ou non les activités défense au sein de Cassidian, la filiale dédiée.
Autre chantier important auquel devra s’atteler Thomas Enders, celui de la gouvernance. Depuis la création du géant en 2000, les rivalités franco-allemandes sont souvent venues parasiter la direction du groupe. Car les fonctions dirigeantes du groupe sont éclatées entre Paris et Munich. Les intérêts français (Lagardère) et allemands (Daimler) représentent respectivement 15% du capital d'EADS, et ceux de l'Espagne, 5%.
Arnaud Lagardère absent à l’AG
Thomas Enders a d’ores et déjà annoncé qu’il souhaitait recentrer toutes les fonctions dirigeantes de l’entreprise sur Toulouse, dans le sud-ouest de la France, ce qui a fait grincer des dents en Allemagne. La chancelière Angela Merkel souhaiterait, en effet, qu’EADS et Airbus localisent davantage d’activités outre-Rhin.
L’Assemblée générale de ce jeudi 31 mai marquait l’arrivée de l’Allemand Thomas Enders à la présidence exécutive, mais également celle d’Arnaud Lagardère, nommé à la présidence du conseil d'administration du groupe. L'absence de ce dernier, dont le groupe est actionnaire d'EADS et qui représente les intérêts de l'Etat français, a surpris les actionnaires réunis à Amsterdam.
Une absence qui rappelle le manque d'intérêt du flamboyant homme d’affaires pour l'aéronautique. Mais en attendant, sa sortie n’est pas à l’ordre du jour. Il compte peser sur la stratégie d’EADS et souhaite notamment réduire la dépendance du groupe à sa filiale aéronautique Airbus. Reste à savoir s'il parviendra à s'entendre avec le nouveau patron allemand.