Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
Il y a six mois, Igor Kholmanskikh était simple chef d'atelier dans l’un des principaux complexes de l'industrie militaire russe à Nijni Taguil, dans l’Oural. C’est une émission télévisée qui l’a fait sortir de l’anonymat.
En décembre dernier, quelques jours après les législatives controversées et le début des manifestations massives de l’opposition, il dialogue avec Vladimir Poutine par vidéo conférence en direct de sa chaîne d'assemblage de chars. L’ouvrier déclare alors à celui qui est encore Premier ministre, qu’il est prêt à venir à Moscou avec ses camarades, pour en découdre, avec les manifestants de l’opposition, si la police n’y arrivait pas.
Depuis, Igor Kholmanskikh a joué les invités de marque à plusieurs grands rassemblements en faveur de Vladimir Poutine durant la campagne présidentielle. Sa loyauté envers l’homme fort du pays est aujourd'hui récompensée.
Mais cette nomination provoque beaucoup d'incompréhension et de railleries sur Internet. L'ancien ministre des Finances Alexei Koudrine s'inquiète du fait qu'un homme aux idées radicales, qui avait condamné des manifestations pacifiques, accède à un poste de cette importance. Sur le site gazeta.ru, le politologue Stanislav Belkovski y voit une insulte à la classe active, qui manifeste contre le pouvoir. Son collègue Alexandre Kynev y décèle un retour à la rhétorique de confrontation adoptée durant la campagne, où Vladimir Poutine s'était tourné vers les ouvriers, face à la fronde des catégories urbaines et favorisées. Des frondeurs qu'il n'est visiblement pas prêt à entendre de sitôt.