Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
Des sacs de couchages, des couvertures, des bâches, des dizaines de litres d’eau, des thermos de café… les militants de l’opposition ont installé un véritablement campement en plein cœur de Moscou. Une forme de contestation inédite dans la Russie de Vladimir Poutine, que la radio indépendante Echo de Moscou a décidé d’ausculter le temps d’une émission en direct, comme l’explique son rédacteur en chef, Alexei Venediktov : «C’est quelque chose de nouveau et d’intéressant pour nos auditeurs… et l’âge de ces gens, selon une enquête sociologique, c’est trente et un ans, ce qui signifie que ce ne sont pas des étudiants comme en Espagne ou comme en France en 1968, mais des gens qui ont déjà fait leur ‘business’, leur vie.»
Informer au-delà de Moscou
Pendant près d’une heure, l’un des journalistes vedettes de la station arpente le campement, raconte ce qu’il voit et interroge les participants qui forment un groupe compact autour de lui. Artiom écoute l’émission sur son téléphone portable : «Bien sûr, c'est important que 10, 20 millions de personnes apprennent ce qui se passe ici. En région, les gens ne savent pas. Notre société s'est atomisée, c'est chacun pour soi, alors qu'ici, les gens voient que l'on est des centaines, en soirée des milliers, la nuit des dizaines, mais, le lendemain, on est de nouveau des centaines.»
Des centaines de manifestants que la police n'a -pour le moment- pas reçu l'ordre de déloger.