Pacte européen anti-Hollande? La droite nie, la gauche proteste

En France, la Première secrétaire du Parti socialiste a confirmé, ce lundi 5 mars 2012, qu'Angela Merkel, la chancelière allemande, n'avait pas souhaité rencontrer le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande. Une information qui confirme les propos du magazine allemand Der Spiegel. Mais le journal va plus loin puisqu’il évoque un pacte entre les principaux dirigeants européens pour boycotter le candidat socialiste. Une information démentie par les autorités allemandes et d’autres capitales européennes. En France, le camp présidentiel nie alors que la gauche proteste.

Un haussement d’épaules et c’est à peu près tout. Cela fait bien longtemps que François Hollande a fait une croix sur des rencontres de haut niveau quand il se déplace à l’étranger. Ses déplacements ne sont pas si fréquents. La semaine dernière à Londres, le candidat socialiste avait été ignoré par le Premier ministre David Cameron. Certains de ses proches soutenaient alors déjà la thèse du Spiegel.

Pour François Hollande, l’essentiel aura lieu après le 6 mai : « Je n’y prête pas une attention considérable. Parce que ce qui compte, ce n’est pas la position des dirigeants conservateurs européens mais la décision du peuple français. C’est le peuple français qui va choisir son prochain président et c’est le prochain président qui aura à travailler avec tous les dirigeants européens pour qu’il y ait une Europe plus solidaire et surtout une Europe qui émette de la croissance. C’est ce qui manque aujourd’hui ».

Et si cette histoire souligne en creux le manque de stature internationale de François Hollande, l’une de ses porte-parole veut croire qu’il n’est pas pertinent de vouloir peser sur la campagne de l’extérieur. C’est contre-productif, le candidat des élites ce n’est pas lui. Et si elle existe, l’alliance des conservateurs européens à ses limites. François Hollande sera vendredi en Pologne. Il sera reçu par le Premier ministre et le président conservateurs. Ce sera une grande première depuis son investiture.

Des rumeurs pour la droite

Dans le camp présidentiel, on rejette en bloc des accusations de l'hebdomadaire allemand. L’idée d’un pacte n’aurait jamais existé. Pour Nicolas Sarkozy, les dirigeants européens ont d’ailleurs d’autres chats à fouetter, il préfère mettre en avant le manque d’expérience de son adversaire. « Le problème de Monsieur Hollande ce n’est pas qu’il y ait un pacte contre lui, c’est qu’il a peu voyagé et donc il ne se rend pas compte que l’on est dans un monde ouvert. Si on a tenu face à la crise financière, c’est parce que tous ensemble gauche et droite on essaye de construire une réponse européenne à une crise mondiale ».

Une façon pour Nicolas Sarkozy d’évoquer l’une des promesses de campagne de François Hollande, à savoir la renégociation des traités européens. Une idée qu’évoque clairement le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé : « Nous avons, au prix d'efforts très difficiles, négocié deux traités fondamentaux qui sont en train de permettre à l'Union européenne et à la zone euro plus particulièrement de sortir de la crise financière. Il est évident que l'annonce d'une remise en cause de ces traités serait de nature à provoquer des turbulences fortes, à la fois sur les marchés mais aussi dans les instances de la zone euro ».

Même défense pour François Fillon. Il n’y a pas de pacte mais le candidat socialiste avec ses idées aurait heurté les dirigeants européens. Et le Premier ministre de citer le cas du président du Conseil italien Mario Monti : « Monsieur Monti, qui n’est ni de gauche, ni de droite, c’est un technicien, un professeur d’université, est en train d’imposer à son pays un traitement extrêmement rude, des réformes difficiles. Et il entend de l’autre côté de la frontière un candidat socialiste qui dit aux Français que ce n’est pas nécessaire de faire tous ces efforts. Comment voulez-vous que Monsieur Monti ait envie de recevoir Monsieur Hollande ? ».

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