Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
Après une Est-Allemande, fille de pasteur à la chancellerie, l’Allemagne sera bientôt présidée par un ancien pasteur protestant, engagé dans l’opposition au régime est-allemand. Joachim Gauck s’est fait un nom après la chute du mur en dirigeant durant dix ans les archives de l’ancienne police secrète est-allemande, la Stasi.
Cette personnalité reconnue et appréciée pour sa rigueur morale et ses talents oratoires avait été le candidat des cœurs en juin 2010. Présenté par les sociaux-démocrates et les Verts, celui qui se définit comme « un conservateur libéral de gauche » avait dû s’incliner face au candidat d’Angela Merkel Christian Wulff qui a démissionné vendredi en raison des soupçons de prévarication pesant contre lui.
Lâchée par ses alliés libéraux qui ont décidé de soutenir Gauck, Merkel a dû s’incliner, sa coalition étant menacée d’imploser. Elle reconnaît indirectement qu’elle avait misé sur la mauvaise personne il y a un an et demi. Mais elle peut aussi profiter de la popularité du futur président.
Soutenu par une large majorité droite-gauche rassemblant 90% des voix, l’élection de Joachim Gauck à la mi-mars sera une formalité. Emu lors d’une brève conférence de presse, il a appelé les Allemands à aimer leur pays, lui qui sait ce qu’en être privé signifie.