La décision italienne attise l’amertume des associations de victimes de l’amiante en France. D’autant plus qu’en décembre dernier, la cour d’appel de Paris a annulé la mise en examen pour homicide involontaire de Joseph Cuvelier, l’un des patrons de la branche française d’Eternit. L’affaire est aujourd’hui au point mort.
Jean-Paul Tessonnières, avocat des victimes de l’amiante, souligne le fossé judiciaire qui existe entre les deux pays :
« On a le sentiment d’un travail de destruction qui est effectué à l’encontre de tout ce qui pouvait avoir avancé péniblement au cours de ces 16 ans de procédure, regrette-t-il. Pour les victimes françaises, il y a un sentiment d’incompréhension, de colère, parce que la grande différence entre la France et l’Italie, c’est qu’en Italie, le procureur de la République est indépendant. Et c’est sans doute une des raisons pour lesquelles il a pu mener avec autant d’efficacité son procès pénal. En France, les parquets sont dépendants de l’exécutif. C’est sans doute la raison pour laquelle ils hésitent à affronter le pouvoir politique et le pouvoir économique, et qui empêche l’aboutissement des procédures engagées. »
A Paris, une vingtaine d’informations judiciaires sont en cours. Des procédures longues, car pénalement, il faut toujours établir, au cas par cas, un lien entre pathologie et amiante avant que des sanctions soient prononcées et que des réparations soient ordonnées.