Quinze jours après le naufrage du paquebot Costa Concordia sur l’île de Giglio près des côtes de Toscane vendredi 13 janvier, la société Costa Croisières se dit prête à indemniser les quelques 3 000 rescapés de l’accident dont le bilan provisoire est de 16 morts et 16 disparus. En accord avec certaines associations de consommateurs italiennes, l’opérateur basé à Gênes veut proposer 11 000 euros par personne pour les biens perdus et les souffrances psychologiques liées au naufrage, somme à laquelle viendraient s’ajouter 3 000 euros destinés à couvrir le prix du billet pour la croisière et d’éventuels frais médicaux ou de transport.
La crainte des plaintes collectives
Cette promptitude à vouloir indemniser les rescapés masque en réalité une volonté de prendre de vitesse les plaintes collectives qui commencent à s’organiser dans différents pays (ndlr : des voyageurs de 60 nationalités, dont 452 Français, se trouvaient à bord du paquebot échoué). La plus sérieuse est l’œuvre de Codacons, une association de consommateurs italienne qui est en train de monter un dossier pour porter plainte devant les tribunaux de Miami, la ville de Floride où Carnival Corporation, la société mère de Costa Croisières, a élu son siège.
Codacons envisage de réclamer pas moins de 125 000 euros par passager sorti indemne du chavirage, une somme « plusieurs fois supérieure » pour les blessés et « au moins 1 million d’euros » pour les familles des victimes décédées. Il est vrai que si les 14 000 euros proposés par Costa Croisières peuvent paraître une somme respectable, elle ne couvre pas toujours l’intégralité des dommages subis par des passagers qui ont perdu tous leurs effets personnels (vêtements, clefs, lunettes, produits de santé, etc.) et ont dû regagner leur domicile par leurs propres moyens. Costa Croisières espère néanmoins qu’une majorité de rescapés préféreront accepter les 14 000 euros plutôt que d’engager des poursuites très longues et dont l’issue reste incertaine. Contrairement aux apparences, une bonne partie des passagers ont des ressources relativement modestes.
Bilan catastrophique
En ce qui concerne l’enquête, elle est loin, pour le moment, d’avoir établi toutes les responsabilités dans l’accident. Immédiatement désigné comme le bouc émissaire, car il a préféré descendre sur la terre ferme plutôt que de rester à bord pour coordonner le sauvetage, le capitaine du bateau, Francesco Schettino, aurait été contraint par ses employeurs d’effectuer l’ « inchino », cette manœuvre qui consiste à s’approcher au plus près du rivage pour saluer les « Terriens », ceux de l’île de Giglio, en l’occurrence. Schettino affirme également avoir toujours tenu sa hiérarchie informée durant le sauvetage et il maintient que son attitude a été approuvée par le directeur des opérations.
Outre les pertes humaines et les dégâts matériels qui sont déjà considérables, les conséquences écologiques du naufrage viennent alourdir le bilan de la catastrophe. Le pompage des 2 380 tonnes de carburant contenues dans les réservoirs du Costa Concordia devrait durer un mois, à condition que les conditions météorologiques ne viennent pas les freiner, voire endommager un peu plus l’épave, avec toutes les répercussions que cela suppose. D’ores et déjà, les prélèvements effectués dans la mer montrent que les déchets déversés ont gravement pollué les eaux environnantes, une nuisance supplémentaire pour tout l’écosystème de la région.