La zone euro sous pression après la sanction de Standard & Poor’s

La dégradation de la notation de la France et de huit autres pays européens fragilise la zone euro. Cette décision de l’influente agence américaine Standard & Poor’s risque de consacrer une Europe à plusieurs vitesses.

 

Comme les Etats-Unis en août dernier, la France et l’Autriche ont perdu leur note maximale, le précieux triple A. Ces deux pays affichent désormais la note inférieure, AA+. La Slovaquie, la Slovénie et Malte ont vu, eux aussi, leur notation dégradée d’un cran.

Plus inquiétant, la dégradation des pays du Sud, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et Chypre, qui ont dévissé de deux crans. L'Espagne n'a plus qu'un seul A. L'Italie s'enfonce davantage dans la crise, puisque le pays chute en catégorie B, à BBB+, soit le même niveau que l'Irlande. Le Portugal et Chypre sont désormais relégués dans la catégorie des investissements spéculatifs.

Avant cette dégradation, Standards & Poor’s décernait son triple A à 18 Etats sur 127 notés, dont six à l’intérieur de l’Union monétaire. Désormais, ils ne sont plus que quatre à l’intérieur de la zone euro. L’Allemagne, le Luxembourg, la Finlande et les Pays-Bas ont en effet été épargnés. Ils conservent la note maximale.

L’Allemagne, meilleur élève

Cette sanction de Standard & Poor's vient alourdir les charges d'emprunt des pays européens sanctionnés, et donc les risques de faillites nationales. Mais surtout elle révèle une Europe à deux vitesses. D’une part, l’Europe du Nord qui regroupe les pays vigilants dans leurs finances publiques et qui disposent d'un potentiel de croissance. L'Allemagne en est le meilleur élève.

D'autre part, l'Europe du Sud, qui rassemble des pays dont la situation économique est très préoccupante. Des pays également où les conditions de financement des entreprises commencent à se durcir et où la consommation des ménages se détériore. La France, deuxième économie de la zone euro, fait maintenant partie de cette seconde Europe. L'Italie et l'Espagne, respectivement troisième et quatrième économie de la zone euro, pourraient bientôt être acculées à demander une aide internationale.

La notation du FESF

Autre conséquence et non des moindres : le Fonds européen de stabilisation financière (FESF), mis en place par l'Union monétaire pour aider les pays les plus fragiles, pourrait à son tour perdre son triple A. Sa notation est, en effet, calculée en fonction de l'évaluation des pays de la zone euro qui le garantissent. Une notation qui ne tient plus qu'à un fil après la dégradation de la France, un des plus gros contributeurs de ce fonds de secours.

Standard & Poor's a toutefois indiqué que le FESF pourrait conserver la note maximale. Mais pour cela, il faut que les quatre pays de la zone euro, encore notés triple A, c'est-à-dire l'Allemagne, le Luxembourg, la Finlande et les Pays-Bas, augmentent leurs garanties. Une perspective qui a peu de chances d’aboutir, si l'on en croit les dernières déclarations de la chancelière allemande. Angela Merkel a exclu, ce week-end, de manière catégorique toute augmentation des garanties apportées au FESF.

L’impact de la perte du AAA

En France, la perte du triple A est un véritable choc politique en pleine campagne présidentielle, tout le week-end les déclarations politiques ont tourné autour de la décision de Standard and Poor's. Mais certains experts relativisent cette sanction sur le plan économique. Les grands investisseurs ont, en effet, déjà intégré cette dégradation de la France. Le prix que Paris paie pour emprunter sur les marchés est plus cher, depuis de longs mois, que celui acquitté par Berlin.

Preuve en est la réaction des marchés : la France a réussi, ce lundi 16 janvier 2012, à lever avec succès une émission de plus de 8 milliards d'euros de bons du Trésor avec des taux en baisse.

Mais le vrai test aura lieu jeudi 19 janvier 2012 quand le Trésor français émettra des obligations sur des échéances à deux, trois et quatre ans. L'évolution de ces taux donnera un indicateur du coût réel de cette dégradation. Sans compter que la France conserve, pour l'instant, la note maximale, le triple A, auprès des deux autres grandes agences de notation, Moody's et Fitch.

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