Avec notre envoyée spéciale à Strasbourg
Ils sont là plein d’humilité un peu surpris d’être sous les flashes des photographes et les projecteurs des télévisions. Ils sortent d’un long cauchemar.
L’Égyptienne Asmaa Mahfouz du Mouvement des jeunes du 6-avril, a lancé sur internet un émouvant et courageux appel au rassemblement sur la place Tahrir au Caire, rassemblement qui a provoqué la chute d’Hosni Moubarak.
Opposant historique à Mouammar Khadafi, Ahmed al-Sanusi, 77 ans, a passé 31 ans dans les prisons libyennes. Il est membre du Conseil national de transition en Lybie.
Les deux lauréats représentent en fait aussi les trois autres lauréats absents.
Mohamed Bouazizi, symbole de la lutte pour la démocratie des jeunes tunisiens, s’est immolé par le feu pour protester contre le harcèlement de la police de Ben Ali qui l’empêchait de travailler et de vivre dans la dignité.
L’avocate Razan Zeitouneh qui continue à se battre dans la clandestinité en Syrie a adressé un message écrit aux eurodéputés, indiquant qu'elle dédiait son prix à Ghiyath Matar, un militant mort en détention en septembre dernier à la suite de tortures, et dont l'épouse a donné naissance, « il y a quelques jours » à un garçon qui porte son prénom.
Son compatriote, le caricaturiste Ali Farzat, réfugié au Koweït après avoir été gravement blessé par les forces de sécurité syriennes a, lui, transmis un message vidéo.
Tous les cinq lauréats « ont contribué à des changements historiques dans le monde arabe et cette récompense réaffirme la solidarité du Parlement à leur lutte pour la liberté, la démocratie et la fin des régimes autoritaires », a expliqué le président du Parlement européen, Jerzy Buzek.
Depuis 20 ans, le prix Sakharov, du nom du physicien et dissident soviétique Andreï Sakharvo, récompense chaque année des défenseurs de droits de l’homme. Il a été créé par le Parlement européen et est habituellement remis le 10 décembre, date anniversaire de la signature de la Déclaration universelle des droits de l'homme.