Après des journées de violence, qui n'ont jamais eu le parfum de jasmin, puis l'euphorie des premières heures qui ont suivi le départ du président Ben Ali, le temps est à l'inquiétude et aux questions. La rue tunisienne s'impatiente et veut des réformes profondes et rapides, des sanctions pour ceux qui ont gouverné le pays ces dernières années, et la fin de l'insécurité qui s'est développée ces derniers mois, sans perdre pour autant la liberté de pouvoir manifester ou de faire la grève.
Le gouvernement provisoire, lui, n'incarne pas la rupture attendue, mais s'est engagé à rétablir l'ordre pour que le travail reprenne et que l'économie redémarre. C'est pour l'instant loin d'être le cas : les chiffres du tourisme au niveau national sont en berne et dans les régions défavorisées les aides au développement promises se font toujours attendre et alimentent la désillusion de ceux qui ont payé un prix fort pendant les semaines de révolte.
Les acquis de la révolution
Le grand acquis, personne ne le conteste, c'est la liberté de parole. Il y a aussi des faits concrets comme la dissolution de l'ex-parti au pouvoir et l'interdiction faite à plusieurs de ses barons de se présenter aux prochaines élections. La scène politique s'est ouverte avec la reconnaissance de plus de 80 partis dont le parti islamiste Ennahda et la machine judiciaire s'est mise en marche. Le procès par contumace de Zine el-Abidine Ben Ali et de son épouse Leila Trabelsi doit ainsi s'ouvrir lundi 20 juin à Tunis.