Duo franco-allemand : chacun sa partition

Pour sauver la zone euro, la chancelière allemande Angela Merkel a appelé ce vendredi 2 décembre 2011 à une union budgétaire devant le Bundestag. Elle aimerait notamment que la Commission et les tribunaux européens jouent un plus grand rôle. Ce discours intervient au lendemain de celui prononcé par Nicolas Sarkozy à Toulon. Des divergences demeurent cependant entre Paris et Berlin sur le rôle de la Banque centrale européenne et sur les euro-obligations.

« La crise de la dette dans la zone euro ne pourra pas être résolue rapidement », a déclaré Angela Merkel, ce vendredi 2 décembre 2011 devant les députés du Bundestag à Berlin.

Dans ce discours, la chancelière allemande a répété que l’avenir de l’euro était indissociable de l’Union budgétaire européenne : « une intégration budgétaire accrue avec des règles strictes, au moins pour la zone euro ». Pour faire respecter ses règles, il faut, selon elle, que la Commission et les tribunaux européens jouent un plus grand rôle.

En clair, Angela Merkel souhaite pouvoir traduire devant la Cour européenne de justice (CEJ) les pays qui enfreignent de manière répétée les règles du Pacte de stabilité.

L’autre élément central de cette union de la stabilité voulue par l’Allemagne sera « un nouveau plafond d’endettement européen ». Pour cela, une modification des traités européens s’impose. Angela Merkel prône une révision des traités signés à vingt-sept. Si cela se révèle trop compliqué, alors elle envisage un nouveau traité entre les seuls dix-sept membres de la zone euro.

Un gouvernement économique

L’union budgétaire, c’était aussi le credo de Nicolas Sarkozy. Une position qu’il a fermement défendue lors de son discours à Toulon du jeudi 1er décembre. Tout comme sa partenaire allemande, le chef de l’Etat français a demandé « plus de discipline budgétaire pour tous les membres de la zone euro ».

Nicolas Sarkozy a évoqué la mise en place d’un véritable gouvernement économique de la zone euro. Dans cette perspective, le président a proposé « un examen en commun » des budgets nationaux des pays de la zone euro et « des sanctions plus automatiques et plus sévères pour ceux qui ne respectent pas leurs engagements ».

Le couple franco-allemand n'est cependant pas totalement à l’unisson car quelques divergences demeurent . En effet, deux points continuent de diviser Paris et Berlin : la question du rôle de la Banque centrale européenne, la BCE, et celle des euro-obligations.

Les deux chefs de l’Etat ont redit leur attachement à l’indépendance de la BCE, mais Nicolas Sarkozy voudrait quand même voir évoluer son statut pour lui permettre d’aider les pays en difficulté.

Pas question pour la chancelière qui est opposée à une large intervention de la BCE sur les marchés financiers. Pour Angela Merkel, le devoir de la BCE est avant tout d’assurer la stabilité de la monnaie unique et la lutte contre l’inflation.

La question des eurobonds

Dans l’immédiat, la chancelière a rejeté le recours aux euro-obligations. Reste que le débat sur cette question en Allemagne est en train d’évoluer. De nombreux députés Verts et les sociaux-démocrates n’excluent pas le recours aux eurobonds. Mais ils demandent des contreparties et notamment le contrôle sur le budget des autres pays.

Des positions divergentes que les deux chefs de l’Etat tenteront de rapprocher ces prochains jours. Angela Merkel doit se rendre lundi 5 décembre 2011 à Paris pour peaufiner avec Nicolas Sarkozy, des propositions plus concrètes. Cette rencontre entre les deux chefs d’Etat s’annonce tendue et décisive, trois jours avant le sommet européen de Bruxelles.

Tous les espoirs sont tournés vers cette réunion qui se tiendra les 8 et 9 décembre prochains, un sommet au cours duquel les dirigeants européens devraient, encore une fois, tenter de mettre au point une stratégie pour contenir la crise de la dette.

 

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