L'observatoire européen des drogues s'alarme du développement des substances synthétiques non contrôlées

L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies a publié sont rapport annuel ce mardi 15 novembre. Selon l'OETD la consommation de drogues reste relativement stable en Europe. Mais les services de lutte contre les stupéfiants sont dépassés par la multiplication des substances psychotropes synthétiques, largement disponibles via Internet.

Selon l’Observatoire européen des drogues, les substances les plus populaires en Europe restent, malgré un léger recul, le cannabis et ses dérivés, suivis de la cocaïne. Mais la tendance lourde, déjà observée l’année dernière, est à la multiplication des drogues synthétiques.

Face au renforcement des contrôles, notamment sur les précurseurs servant à la fabrication de l'ecstasy, les trafiquants rivalisent d’inventivité. «Les producteurs recourent à des techniques sophistiquées pour contourner la réglementation destinée à prévenir le détournement de ces précurseurs, indique le rapport de l’OETD. Parmi les techniques utilisées, on peut citer celles consistant à synthétiser des précurseurs à partir de «pré-précurseurs» ou à les «masquer» en produits chimiques non contrôlés, qui seront retransformés après importation ».

Le boom des «euphorisant légaux»

L’autre stratégie des trafiquants consiste à commercialiser de nouvelles drogues synthétiques, pour certaines dérivées de produits autorisés. « L’émergence rapide de nouvelles substances psychoactives non contrôlées (souvent vendues sous l’appellation «euphorisants légaux») constitue un défi croissant tant en Europe qu’à l’échelle internationale, s’alarme l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies. Après le record de 41 nouvelles substances notifiées à l’OEDT et à Europol en 2010 (contre 24 en 2009), les données provisoires pour 2011 indiquent qu’aucun recul n’est en vue. Le décompte arrêté à ce jour pour 2011 fait état de 39 substances notifiées par l’intermédiaire du système européen d’alerte précoce (EWS). »

Un véritable casse-tête pour les services antidrogues, d’autant que la vente se fait à grande échelle sur Internet. « La plus récente enquête «snapshot» de l’OEDT sur les revendeurs en ligne d’«euphorisants légaux» (juillet 2011) a permis de recenser un chiffre record de 600 boutiques en ligne prétendant vendre des substances psychoactives et a mis en évidence une grande variété dans l’offre de nouveaux produits », précise le rapport.

L’observatoire s’alarme également de la consommation illégale, en Europe de l’est et en Europe centrale, de médicaments dérivés de l’opium ou de leur version synthétique, parfois injectés avec des conséquences pour la santé pire que l’héroïne.

Face à cette évolution, le directeur de l’OETD appelle à mieux coordonner la lutte contre ce phénomène. « Sans cela, les efforts nationaux individuels sont quasiment voués à l’échec. Ces deux facteurs sont essentiels si nous voulons garder la main dans ce jeu en mutation constante du chat et de la souris», prévient Wolfgang Götz.

Lire le rapport de l'Observatoire européen des drogues et toxicomanies

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