Avec notre correspondante à Athènes, Amélie Poinssot
C'est un gouvernement de transition, qui doit tenir a priori jusqu'au 19 février, date fixée pour les élections anticipées. Sauf si ces dernières sont reportées, ce que souhaite à vrai dire Lucas Papadémos – c'est en tout ce qu'il avait laissé entendre pendant les négociations, jugeant qu'il était peu réaliste étant donné les chantiers qui attendent le pays de rentrer si rapidement dans une période électorale.
Mais on peut aussi s'interroger sur la viabilité d'une telle coalition, sachant que le peu de coalitions gouvernementales connues par la Grèce dans le passé n'ont jamais duré très longtemps : trois ou quatre mois pour la plupart.
Le quotidien Ta nea parle ce samedi 12 novembre d'un « champ de mines ». Cela dit, le fait d'avoir un homme non issu des partis à la tête du gouvernement permettra certainement d’apaiser les divergences. Même si dans l'opinion publique beaucoup sont sceptiques et dénoncent avec cette nomination un glissement antidémocratique. C'est finalement un technocrate qui va diriger le pays, sans la légitimité des urnes.
Quid de l'extrême-droite grecque ?
Le LA.O.S. est un parti au discours xénophobe, mais aussi un parti opportuniste : ses 16 députés avaient voté en faveur de la première cure d'austérité, il y a un an et demi. Puis ils ont voté contre toutes les mesures du gouvernement Papandréou. Nouveau retournement de veste, donc, hier, avec l'entrée au gouvernement d'un secrétaire d'Etat et d'un ministre.
Ce dernier, Makis Voridis, est issu d'une organisation néofasciste fondée dans les années quatre-vingt par l'un des colonels de la dictature qui a gouverné le pays entre 1967 et 1974. Depuis hier, les blogs sur internet s'enflament, des photos de Voridis ressortent, lorsqu'il était étudiant à l'école de droit d'Athènes, et cherchait la bagarre, armé d'un gourdin. Autant dire que cette nomination suscite l'indignation dans de nombreux foyers – alors que le LA.O.S. a un poids bien inférieur aux scores que peut faire l'extrême-droite dans d'autres pays européens : il n'atteint pas 6% dans les sondages.