Avec notre correspondant à Bruxelles, Quentin Dickinson
L’accusé Papandréou comparaît ce soir à 20 h 30 (19 h 30 TU) devant le président Merkel, le procureur général Sarkozy, le greffier Barroso, le médecin légiste Van Rompuy, et le témoin à charge Junker. Compte tenu de la gravité des faits, le huis clos a été imposé.
Il sera donc vivement reproché à monsieur Papandréou de n’avoir prévenu personne de ses intentions, et d’avoir pris de court les marchés, qui partout auront encaissé le choc de plein fouet. Et ils ne sont pas prêts de s’en remettre.
Faute de pouvoir annuler le référendum en Grèce que Georges Papandréou voulait
initialement organiser à la fin du mois de janvier, les dirigeants européens insisteront pour qu’il se tienne dans les six semaines, à compter de ce jour. Et surtout, le Premier ministre grec s’entendra dire qu’il n’est pas envisageable que la question posée lors de ce référendum soit : « Etes-vous pour ou contre les mesures d’austérité adoptées par votre gouvernement ? », mais bien : « Etes-vous pour le maintien de la Grèce dans la zone euro ? », tout simplement.
Vers une sortie provisoire de la Grèce de la zone euro ?
Les gouvernements de la zone euro ne parviendront évidemment pas à faire patienter les marchés financiers jusqu’au référendum grec, quelle qu’en soit la date. L’hypothèse que, la mort dans l’âme, les experts commencent à explorer à Bruxelles, est celle d’un retrait provisoire de la Grèce des structures et facilités de l’euro zone. Ceci ne signifierait nullement le retour du drachme, compte tenu du coût exorbitant de la production de billets et de pièces.
Les Grecs continueraient à utiliser l’euro au quotidien, comme c’est le cas par exemple au Kosovo et au Monténégro, ils resteraient membres de l’Union européenne. Simplement, ils se déclareraient en cessation de paiement et annuleraient, d’un trait de plume, la totalité de leur dette publique cumulée.
Les pays de la zone euro mettraient immédiatement fin à leur soutien financier à la Grèce, désormais sans objet. La note de la Grèce serait au plus bas auprès des agences de notation et le gouvernement grec aurait à pressentir le FMI, en vue de l’ouverture de lignes de crédit, conditionnées par un encadrement stricte des dépenses de l’Etat.
La perspective d’un tourisme redevenu peu cher et une baisse généralisée des salaires, comme en Irlande, pourrait apporter un peu de stimulant à l’économie. Mais le retour en officiel dans l’euro zone serait inenvisageable avant 2020 au mieux.