Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
La géante Angela, version moderne de Gulliver ligoté cette fois par des députés lilliputiens. « La femme la plus puissante du monde », comme l’a à plusieurs reprises présentée la presse anglo-saxonne, est au centre de toute solution au sein de la zone euro. Certains s’irritent de son rôle prépondérant. Et pourtant, la chancelière doit bien sagement obtenir l’aval de ses députés avant de se rendre mercredi soir à Bruxelles pour un nouveau sommet européen.
Le tribunal constitutionnel allemand a imposé début septembre que, dorénavant, le Bundestag se prononce avant que Berlin ne prenne avec ses partenaires des décisions d’ampleur. Un vote de la commission des affaires budgétaires aurait légalement suffi. Mais cette solution d’abord prévue a été remise en cause pour un vote en séance plénière. Certes Angela Merkel prend un risque si elle n’a pas, au terme du vote, une majorité propre derrière elle, certains députés conservateurs s’opposant aux nouvelles compétences du fonds de stabilité financière.
Mais en associant l’ensemble du Parlement, elle a réussi à obtenir le soutien de l’opposition. Une résolution commune à tous les partis, sauf la gauche radicale, a été mise sur pied. Elle donne des pistes pour mener les négociations à Bruxelles pour ne pas paralyser la chancelière. Mais des limites bien précises notamment concernant l’indépendance de la Banque centrale sont aussi fixées.
Le soutien pour Angela Merkel à quelques heures d’un sommet décisif sera donc massif. Le vote clair des « lilliputiens députés », au-delà des frontières partisanes, devrait donc renforcer la position de la géante allemande à Bruxelles mercredi soir.