Les habitants du plus grand campement «illégal» de Grande-Bretagne ont perdu la bataille

La police a commencé mercredi 19 octobre 2011 à évacuer Dale Farm, le plus grand campement dit « illégal » du Royaume-Uni. L'opération devrait durer plusieurs jours. Deux cent personnes appartenant à la communauté des gens du voyage d'Irlande y résident. Ils tentent toujours de résister aidés par des activistes. Mais les habitants du village adjacent de Basildon, eux, se disent soulagés.

De notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix

L’électricité a été coupée. Les pelleteuses et les huissiers sont à l’œuvre. Mercredi soir, 23 personnes avaient été arrêtées. Pour les familles de Dale Farm, le campement situé à une quarantaine de kilomètres de Londres, c’est la fin d’une âpre bataille judiciaire de plus de dix ans. Elles entendaient rester dans la vieille décharge qu’elles avaient achetée. La justice a estimé qu’elles étaient en fait installées sur une zone protégée et devaient donc partir.

Mais pour les activistes qui résistent en leur nom, enchaînés à des échaffaudages dressés il y a plusieurs semaines pour ralentir l’expulsion, cette justification cache un problème plus profond. « Il s’agit ici de droits de l’homme bafoués et de racisme : ils ne veulent tout simplement pas voir de gens du voyage vivre sur ce terrain et dans ce comté », s'indigne Danny Nyyar, l'un de ces activistes.

Un sentiment d’ailleurs confirmé par les habitants du village proche. « Je pense que nous n’avons rien en commun avec ces gens. La moitié de leurs enfants ne vont pas à l’école et ne savent ni lire ni écrire. Ils ont des maisons en Irlande, à Birmingham. Il y a plein d’endroits où ils peuvent aller ».

Mais les 83 familles de Dale Farm se disent, elles, démunies. « Nous avons parmi nous beaucoup de personnes âgées et malades, des enfants, explique Marina. Certains n’ont même pas de caravanes pour reprendre la route, ils ont des bungalows en briques qu’on ne peut pas déplacer, ils seront sans abri ».

La municipalité de Basildon répond qu’elle a proposé des logements sociaux en dur. Mais les gens du voyage veulent rester fidèles à leur mode de vie en caravane. Or dans un pays désormais très urbanisé il leur sera de plus en plus difficile de trouver des sites de campement. 

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