La Grèce en grève contre l’austérité

Des millions de Grecs ont défilé, ce mercredi 19 octobre 2011, pour protester contre les effets des mesures d’austérité. Une nouvelle grève générale qui traduit la colère des Grecs face à ce nouveau tour de vis budgétaire aux conséquences sociales très importantes.

Le gouvernement de Georges Papandréou est plus que jamais pris entre deux feux. D'un côté, des partenaires européens qui imposent coûte que coûte le respect des engagements de redressement pour éviter la faillite. De l’autre, la pression de la rue toujours plus forte contre la cure d’austérité. Cette grève générale ce mercredi est effectivement la plus importante. Rares sont les professions qui n’ont pas participé au mouvement, depuis les administrations, les transports publics, les écoles, les entreprises, les banques jusqu’aux commerces de détail.

Il s’agit de faire pression sur les députés du Pasok qui vont débattre, à partir de jeudi, du nouveau plan de rigueur. L’exaspération des Grecs enfle. Les salariés du secteur public, par exemple, ont perdu 40% de leur salaire depuis 2010 et le chômage atteint 16,5% de la population. Il dépasse les 42% chez les jeunes, c'est un niveau rarement atteint en Grèce.

Hausses d’impôts, licenciements

Et la situation ne devrait pas s’arranger avec la prochaine mise au chômage technique de 30 000 salariés du secteur public d’ici à la fin de 2011. Ces employés de l'Etat vont ainsi être placés dans le mécanisme dit de réserve. C'est-à-dire qu'il ne leur sera versé que 60% de leur salaire. Ils auront ensuite douze mois pour trouver un nouvel emploi. Des licenciements déguisés qui ont brisé un tabou en Grèce, où le statut des fonctionnaires est protégé par la Constitution.

D’autres employés d’organismes publics verront également leurs salaires baisser avec la mise en place d’une grille unique de salaires. Les salariés du privé vont voir leurs rémunérations baisser et leurs conventions collectives geler. Par ailleurs, les pensions des anciens fonctionnaires supérieures à 1 200 euros par mois seront ainsi réduites de 20%. Les retraites de ceux qui ont cessé de travailler avant 55 ans, seront elles abaissées de 40% une fois dépassé le seuil des 1 000 euros mensuels.

« La bataille des batailles »

Quant au plafond des revenus annuels imposables, il devrait passer de 8 000 à 5 000 euros. Le fioul indispensable au chauffage, coûte 40 centimes de plus le litre, une nouvelle taxe qui vient s’ajouter à celle sur l’immobilier qui varie de 0,5 à 16 euros le mètre carré. Autre conséquence de cette cure d’austérité : faute de moyens financiers pour se payer un médecin, les Grecs se tournent davantage vers l’hôpital public pour se soigner.

Un plan très dur de l'aveu même du ministre grec des Finances qui reste très déterminé face à cette nouvelle grève générale : « la Grèce livre cette semaine la bataille des batailles pour parvenir lors du sommet européen de dimanche à une solution à son surendettement avec ses partenaires de l'Union européenne », a affirmé, ce mercredi, Evangélos Vénizélos devant le Parlement. Ce nouveau plan d'austérité devrait rapporter environ 7,5 milliards d'euros à l'Etat grec, dont 1 milliard devra être réalisé d'ici la fin de cette année. Des mesures drastiques qui devraient permettre le déblocage à temps de la tranche de 8 milliards d'euros promises à la Grèce par les Européens et le FMI, dans le cadre du plan de 110 milliards accordés au printemps 2010.

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