Les pressions s'accentuent sur Bratislava au lendemain du rejet du projet de renforcement du FESF par les députés slovaques. La France dit « faire confiance à la Slovaquie pour un second vote rapide », selon la porte-parole du gouvernement Valérie Pécresse. De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel insiste sur le fait que « tous les pays de l'Union européenne doivent participer à la lutte contre la crise ». Une Union européenne qui est dans le flou, le sommet convoqué pour les 17 et 18 octobre a d’ailleurs été repoussé au 23 octobre prochain, le temps de finaliser une stratégie globale.
La Slovaquie est le dernier des 17 pays de la zone euro qui devait se prononcer sur le renforcement du FESF et sur l’élargissement de ses compétences, selon les modalités adoptées par le sommet de la zone euro du 21 juillet dernier. La Slovaquie a dit « non » à la réforme qui devait permettre d’augmenter la capacité effective de prêts du Fonds (FESF) aux pays en difficulté à 440 milliards d'euros, alors qu’elle est actuellement d’environ 250 milliards d'euros, une enveloppe bien insuffisante, si jamais de nouveaux pays, tels l'Italie ou l'Espagne, devaient à leur tour être aidés.
Assurer la recapitalisation des banques
Mis en place en 2010 au plus fort de la crise, ce fonds peut uniquement prêter de l’argent aux pays attaqués par les spéculateurs. Sa mission : lever de l’argent sur les marchés avec une garantie apportée par l’ensemble des pays de la zone euro. Grâce à sa notation « triple A », ce mécanisme peut, en effet, emprunter à des taux très bas, avant d’accorder des crédits aux pays en difficulté à des taux moindres que ceux qu’ils auraient dû payer sur les marchés. Le FESF, nouvelle version, aura surtout la charge de racheter de la dette déjà émise et soulager ainsi la Banque centrale européenne (BCE).
Il devrait également pouvoir accorder aux Etats des lignes de crédits préventives comme le fait le Fonds monétaire international (FMI), ou prêter de l’argent à des pays pour qu’ils recapitalisent leurs banques. Une question particulièrement aiguë alors que la nécessité d’un tel plan, d’un montant de 100 à 200 milliards d’euros, se fait jour notamment pour des pays en difficulté comme la Grèce, l’Italie ou l’Espagne.
Augmenter l’effet de levier du FESF
Le sauvetage de la zone euro se retrouve donc prisonnier du jeu politique interne de la Slovaquie d’autant que ce mécanisme est peut-être déjà dépassé face à la situation d’endettement de grands pays comme l’Italie et l’Espagne. « On comprend les critiques quand on compare la capacité de financement du FESF à la taille de la dette publique italienne qui dépasse largement les 1 300 milliards d’euros. Mais on peut encore lui laisser une chance, car ce fonds de soutien dispose de moyens pour limiter les risques de contagion dans la zone euro », estime Cyril Regnat, économiste chez Natixis.
Pour augmenter cet effet levier du FESF, plusieurs voix s’élèvent désormais pour demander une augmentation de ses ressources financières. Parmi elles, le gouverneur de la Banque centrale d’Italie, Mario Draghi, désigné prochain président de la Banque centrale européenne. Du côté des Européens toujours, l’Allemagne y est très réticente mais l’idée commence à faire son chemin. Les Etats-Unis, eux, pressent les Européens d’étendre ses ressources financières. Le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a réitéré son appel à l’occasion des dernières réunions du FMI et du G20 à Washington en septembre dernier.