Le vice-chancelier allemand Philipp Rösler en visite à Athènes

Dans le cadre du plan d'aide à la relance économique de la Grèce, Philipp Rösler, vice-chancelier allemand et ministre de l'Economie est pour deux jours à Athènes, ce jeudi 6 octobre 2011, accompagné d'une délégation d’entrepreneurs allemands. Cette visite a pour but de développer les investissements allemands en Grèce.

La crise des dettes souveraines met à mal les relations d'amitiés tissées traditionnellement entre les pays européens. Malgré le désamour entre Athènes et Berlin, les dirigeants allemands se disent prêts à aider le gouvernement grec.

Pourtant, Philipp Rösler ne s'est pas toujours montré solidaire vis-à-vis de la Grèce. Le numéro deux du gouvernement allemand n'a pas hésité en septembre dernier à briser le tabou en évoquant une faillite de la Grèce : « Pour stabiliser l'euro, il ne doit plus y avoir de pensées interdites, donc il faut envisager en dernier recours, une insolvabilité ordonnée de la Grèce, à partir du moment où les instruments pour le faire existent. »

Et c'est le même qui, ce jeudi, vient à Athènes pour y faire des investissements. On peut s’interroger sur la nature de ce revirement. De fait, au travers de cette déclaration, il faut davantage y voir une tentative politicienne qu'une déclaration économique.

Excédent commercial de Berlin

Le FDP, (Parti libéral-démocrate) le parti que représente Philipp Rösler, parti minoritaire dans la coalition gouvernementale, est en perte de vitesse sur les questions européennes. Philipp Rösler a tenté de flatter son électorat, peu favorable à une aide de la Grèce. Opération vaine, puisque le FDP a perdu les élections dans le land de Berlin. En se rendant à Athènes, il est probable qu'il ne soit pas dans d'aussi mauvaises dispositions, même si le climat est tendu.

Sauver la Grèce est dans l'intérêt de l'Allemagne et pour de nombreux économistes allemands, le coût d'une faillite serait bien supérieur à celui de l'aide prévue. D’autant plus que l'Allemagne commerce depuis longtemps avec la Grèce. L'excédent commercial de l'Allemagne vis-à-vis de la Grèce est d'environ deux points du PIB grec par an, ce qui correspond à une dizaine de milliards d'euros en faveur de l'Allemagne. Loin d’être négligeable, cette somme est restée constante ces quinze dernières années.

Les industriels allemands exportent essentiellement des produits manufacturés. Les principaux secteurs exportateurs sont l’automobile, la pharmacie, l’informatique. Des produits complexes que les Grecs ne peuvent pas produire. En échange, la Grèce vend des lainages, des légumes, des fruits frais, des métaux. Au final, une balance commerciale déséquilibrée et favorable à l’Allemagne.

Des investisseurs pour la relance

Selon le Premier ministre grec Georges Papandréou, un autre secteur pourrait attirer les Allemands : c'est le solaire. Athènes vante ses capacités de production d'énergies renouvelables, ce qui pourrait intéresser Berlin qui a décidé d'abandonner le nucléaire. Une proposition qui laisse perplexe Sylvain Broyer, économiste spécialiste de l’Allemagne chez Natixis : « D’un point de vue technique, installer des capteurs solaires en Grèce pour alimenter des industries en Allemagne, vu la distance et vu le relief géographique, ça risque d’être assez peu efficace. Il faut plutôt y voir une façon habile de développer la part de marché de l’Allemagne dans les énergies renouvelables. L’Allemagne étant déjà leader mondial, notamment dans les éoliennes ».

Dans ce contexte, la venue du ministre de l'Economie et des entrepreneurs allemands revêt sans doute un caractère un peu particulier. Aucun des protagonistes ne peut ignorer le contexte de crise. Pour Martin Knapp, président de la Chambre de commerce allemande en Grèce, cette visite n'est pas une visite de routine. « Ce n’est ni une visite habituelle, ni une délégation habituelle. D’ailleurs elle n’est pas constituée d’exportateurs, mais plutôt d’industriels prêts à venir investir dans l’économie grec. »

L'économie grecque a besoin plus que jamais d'investisseurs étrangers afin d’opérer sa relance. C'est une des conditions pour sortir la Grèce de l'ornière et pour Martin Knapp, « même si la situation actuelle n’est pas idéale, il faut justement investir maintenant pour que dans quelques années, cela commence à porter ses fruits et à bénéficier à l’économie. »

Reste maintenant à convaincre les patrons allemands qui peuvent se montrer sceptiques... Surtout au regard de la dernière déclaration du ministre grec de l'Economie, qui a confié à l'hebdomadaire allemand Die Zeit que la situation de son pays est assez désespérée.

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