Les dettes non déclarées de Madère plombent le déficit du Portugal

Madère, l'archipel paradisiaque des guides touristiques, est devenu un enfer pour le Portugal, qui redoute que des dettes non déclarées de 1,68 milliard d'euros ne ruinent sa crédibilité auprès des créanciers qui lui ont accordé une aide de 78 milliards d'euros.

Avec notre correspondante à Lisbonne, Marie-Line Darcy

En quelques jours, le trou budgétaire de l’île de Madère s’est transformé en gouffre. D’abord estimé à 500 millions d’euros, on en est à 1,7 milliard d’euros de déficit public en trois ans, après une nouvelle enquête de la Banque nationale du Portugal.

Les dérapages cumulés représentent 0,3% du PIB portugais. Une très mauvaise nouvelle pour un pays qui tente de ramener le déficit public de 9,1% actuellement à 5,9% à la fin de l’année.

Le Premier ministre, le social démocrate Pedro Passos Coelho, a réagi durement, qualifiant d’erreur grave et incompréhensible les omissions de la région autonome.

L’affaire est délicate sur le plan politique. La région autonome de Madère est dirigée depuis plus de 30 ans par Alberto João Jardim, un cacique du parti social-démocrate que dirige l’actuel Premier ministre.

Très controversé pour sa politique populiste, João Jardim a toujours imposé sa loi à son propre parti. Son île est aujourd’hui un paradis fiscal au service des touristes aisés.

Jardim nie l’existence de dérapages, son parti refuse de le lâcher. Mais face à la réprobation du Premier ministre et en raison du danger pour un pays sous perfusion de l’aide internationale, le président de la République, lui-même social-démocrate, a convoqué une réunion de crise dès lundi.

Partager :