La déroute des socialistes, qui réalisent leur pire score depuis vingt ans, a rendu possible le rêve de la droite qui va gouverner avec une coalition à droite, un président à droite et un Parlement à droite. Au pouvoir depuis six ans, les socialistes payent, logiquement, la récession qui s’est abattue sur le pays. Ils ont recueillis moins d’un tiers des voix. Le Parti social-démocrate, le parti de centre-droit, va former sa coalition avec la formation de droite CDS-Parti populaire.
« Grand vainqueur » du scrutin, le président du Parti social démocrate, Pedro Passos Coelho, n'a aucune excuse pour échouer comme le souligne la presse portugaise. Son parti a obtenu près de 40% des voix. Il a assuré que son pays ne serait pas « un fardeau » pour ses créanciers, promettant de « tout faire » pour « honorer les engagements » de l'Etat portugais.
Du rêve au cauchemar
Pedro Passos Coelho veut reconquérir la confiance des marchés. Il s’engage pour cela à appliquer le programme que l'Etat portugais a signé avec la « troïka » (Union européenne, Fonds monétaire international, BCE) et que tous les partis ont approuvé. Un plan d'austérité imposé en échange de 78 milliards d'euros d’aide financière. Ce plan a été négocié, en mai, pour sortir le pays de la situation de quasi faillite dans laquelle il était après le rejet par le Parlement du plan d’austérité proposé par les socialistes. Rejet qui avait d'ailleurs entraîné la démission, début mars, du Premier ministre José Socrates. C’est donc la droite qui va mettre en œuvre plus de deux cent mesures destinées, pour la plupart, à faire des économies.
« Les années qui nous attendent vont exiger beaucoup de courage de la part du Portugal tout entier », a déclaré Pedro Passos Coelho, le futur Premier ministre portugais qui a garanti une « transparence totale » sur les sacrifices « déjà promis aux Portugais » comme sur « ceux qu'il faudra imposer en fonction des circonstances ».
Un parcours semé d’embûches
Pedro Passos Coelho n’a que 46 ans et une expérience politique réduite. Il va devoir appliquer ce programme de rigueur sans délai. Il ne connaîtra pas d’état de grâce. Sa majorité est confortable mais 40% des électeurs ont boudé les urnes. Le Publico voit dans ce taux record d’abstention un « signal inquiétant » et s’attend à assister à « une période de conflit social sans précédent. »
Le plan de rigueur risque de plonger le pays dans une profonde dépression alors que la croissance était déjà atone. Et la forte baisse des dépenses publiques prônée pendant la campagne par le Parti social démocrate devrait aggraver le chômage alors que les socialistes cherchaient plutôt à accroître les recettes de l’Etat en augmentant les taxes.
Avec les socialistes au pouvoir, les mouvements sociaux restaient contenus. La droite ne bénéficiera pas de la même mansuétude de la part des syndicats et des organisations de gauche qui pourraient se mobiliser contre les mesures impopulaires que Pedro Passos Coelho va mettre en œuvre.