La grande désillusion au Portugal

Après l’effondrement du gouvernement en mars, les électeurs portugais sont appelés aux urnes ce dimanche 5 juin 2011. La mission de la nouvelle équipe sera pour le moins délicate : après des mois de crise politique et surtout économique, elle devra mettre en œuvre un plan d’austérité draconien, dicté par le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne.

Si l’on en croit les sondages, les socialistes au pouvoir (PS) partent perdants, avec 30 à 31% des voix. En revanche, les sociaux-démocrates (PSD) sont donnés vainqueurs, mais resteront minoritaires, avec un score entre 36 et 38,5% des intentions de vote.

Si ces enquêtes se confirment dans les urnes, le PSD aura donc besoin d’un allié pour former un gouvernement. Le scénario le plus probable est celui d’une coalition nationale avec son partenaire historique, le CDS (droite), qui est crédité de 9,7 à 11% des voix. Reste quand même la grande inconnue de ce scrutin : comment vont voter les indécis ? A la veille de la consultation, un tiers des électeurs ne savait toujours pas pour qui voter.

La pire crise économique depuis 30 ans

Pendant la campagne, la plupart des candidats ont tenté d’éviter les sujets qui fâchent, préférant commenter les erreurs du passé qui ont plongé le pays dans la pire crise économique depuis trois décennies. Le candidat social-démocrate, Pedro Passos Coelho, ne s’est pas privé du plaisir d’accuser l’actuel gouvernement du Premier ministre sortant José Socrates d’avoir « menti aux Portugais sur l’état réel du pays » et conduit le Portugal à la « banqueroute ».

De son côté, José Socrates a tenté de décrédibiliser son rival en l’accusant d’avoir fait le jeu de la troïka (UE, FMI, BCE) au lieu de se ranger aux côtés des Portugais. Dans ses meetings électoraux, il a mis en garde contre le « radicalisme ultralibéral » des sociaux-démocrates, tout en s’engageant « à défendre la justice sociale et l’égalité des chances ».

Accusant l’actuelle opposition de vouloir « détruire l’Etat social », le Premier ministre sortant s’est porté garant d’un gouvernement « qui ne laisse personne sur le bord de la route ». C’est après avoir évité de justesse un jet d’œufs lancé depuis la foule que José Socrates a promis « une grande surprise » pour dimanche soir.

61% des Portugais sont pessimistes quant à l’avenir

Les électeurs ne se font guère d’illusions. Selon un sondage publié dans le Diario Economica, 61% des Portugais pensent que la situation de leur pays sera « pire » d’ici un an. Quelle que soit la nouvelle équipe en place, elle demandera des sacrifices importants aux citoyens, car pour obtenir les 78 milliards d’euros d’aide financière, le Portugal a du accepter les conditions qui vont avec : le plan d’aide de trois ans prévoit notamment une hausse des impôts, des coupes budgétaires et des réformes pour renforcer la compétitivité du pays.

Avec un taux de chômage record de 12,4% et une profonde récession, les Portugais savent qu’ils n’ont guère le choix pour remonter la pente.

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