Portugal : la Bourse dévisse après la dégradation de Moody's

L'agence de notation Moody's a relégué hier mardi le Portugal dans la catégorie des investissements « spéculatifs », en abaissant de quatre crans sa note à long terme. Ce mercredi 6 juillet 2011 la Bourse de Lisbonne a plongé de 2,41% à l'ouverture. Entre surprise et indignation, les Européens ont vivement réagi à la dégradation de la note du Portugal.

Après la Grèce, c'est au tour du Portugal de subir une nouvelle pression des agences de notation. L'agence américaine Moody's doute de la capacité de Lisbonne à atteindre les objectifs fixés en matière de réduction de déficit et de stabilisation de la dette.

Les autorités portugaises se sont engagées à ramener leur déficit public sous la barre des 3% à l'horizon 2013 en contrepartie du prêt de 78 milliards d'euros octroyé par l'Union européenne et le FMI. Mais aujourd'hui, Moody's redoute que le Portugal prenne le même chemin que la Grèce, et que le pays ait besoin d'un deuxième plan d'aide pour emprunter à nouveau sur les marchés.

Contrariété européenne

La réaction sur les marchés n'a pas traîné : les valeurs bancaires étaient sous pression ce mercredi matin à la Bourse de Paris. Cette dégradation contrarie également les chefs de gouvernement européens. La chancelière allemande Angela Merkel a critiqué l'attitude des agences de notation. Même son de cloche du côté du ministre grec des Affaires étrangères, Stavros Lambrinidis, qui dénonce la « folie » de ces institutions.

Le ministre français de l'Economie a réitéré sa confiance à Lisbonne. Pour la Commission europénne, le moment est très mal choisi : la zone euro est déjà en état d'urgence avec le sauvetage de la Grèce.

Contagion possible de la crise grecque aux pays périphériques

Sur 91 banques soumises aux tests de résistance par l'Autorité bancaire européenne, Moody's pense que 26 d'entre elles pourraient avoir besoin d'une aide extérieure exceptionnelle.

Ce n'était pas le cas l'année dernière. Moody's assurait alors que les banques européennes avaient un niveau de fonds propres suffisant pour assumer des pertes éventuelles sur leurs créances publiques et privées en Grèce, au Portugal, en Espagne et en Irlande.

Qu'est-ce qui a changé ? Créée au début de 2011, l'Autorité bancaire européenne a succédé au Comité européen des régulateurs bancaires, accusé d'incapacité à identifier les risques pesant sur le secteur bancaire irlandais.

Le scénario de crise imaginé à présent par l'Autorité prévoit des chocs économiques beaucoup plus violents que les tests de 2010. Toutefois cette nouvelle opération ne prend pas en compte l'hypothèse la plus dramatique : celle d'un défaut souverain en zone euro alors que ce risque a augmenté dernièrement.

Reste à savoir si ces tests, mis en place pour restaurer la confiance des investisseurs en pleine crise budgétaire, auront l'effet escompté. L'Autorité bancaire européenne devrait annoncer les résultats officiels des tests la semaine prochaine.

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