Fraude UBS: Kweku Adoboli, un trader qui travaillait dur et dépensait beaucoup

Kweku Adoboli, le trader d’origine ghanéenne responsable d’une fraude de 1,5 milliard d’euros chez la banque suisse UBS, donnait l’image d’un jeune homme bien sous tous rapports. Arrêté jeudi matin 15 septembre, il a été inculpé vendredi de fraude et d’abus de position par le tribunal de Londres. Son forfait survient à un très mauvais moment pour sa banque.

C’est la plus grande fraude jamais perpétrée à la City de Londres : 2 milliards de dollars (1,5 milliard d’euros) partis en fumée dans des transactions non autorisées sur des produits dérivés spéculant sur l’évolution des marchés. Comme ce fut le cas en France avec la Société Générale dans l’affaire Jérôme Kerviel, personne n’a vu le coup venir chez UBS car l’auteur du forfait, Kweku Adoboli (31 ans), renvoyait l’image d'un jeune homme bien dans sa peau et sympathique au dire ses collègues, amis et voisins.

Parcours rectiligne

Sans être tout à fait banal, le parcours du fraudeur avait jusqu’alors été rectiligne. Naissance à Accra au Ghana dans un famille aisée avec un père employé des Nations unies, éducation multiculturelle (séjours en Israël, en Irak et en Syrie au gré des déplacements paternels), études secondaires à Acksworth dans un établissement religieux de la campagne anglaise puis diplôme en informatique en sortant de l’université de Nottingham. L’entrée de Kweku dans le monde du travail se fait également en souplesse : après un stage concluant, il est engagé chez UBS où il gravit les échelons.

Gros travailleur, il devient l’un des traders les plus en vue du bureau de Londres en se spécialisant dans les produits dérivés sophistiqués. Hors bonus, son salaire annuel atteint les 300 000 euros et il peut mener grand train : loft de 300 m2 proche de son bureau où il organise des fiestas mémorables comme tout « golden boy » qui se respecte. Tout a basculé à partir du 1er octobre 2008, date de sa première fraude, selon les premiers éléments de l’enquête. Malgré l’énormité des sommes, aucune alerte n’a été déclenchée chez UBS et c’est, semble-t-il, Kweku Adoboli lui-même qui s‘est dénoncé, pris de panique par l’ampleur de ses pertes.

Des larmes à l'audience

Inculpé de fraude comptable et d’abus de position, il a comparu pour la première fois vendredi 16 juillet devant le tribunal de Londres. S’il était souriant en sortant du bâtiment, il avait essuyé des larmes durant l’audience, conscient d’avoir mis un peu plus dans la difficulté sa banque. Déjà chahuté en bourse, UBS risque en effet de voir sa note dégradée par les agences et les 6 000 salariés basés à Londres craignent désormais pour leur emploi. Incarcéré, Kweku Adoboli comparaîtra à nouveau le 22 septembre. Pour sa défense, il a choisi le cabinet d’avocats Kingsley Napley, celui qui avait déjà conseillé Nick Leeson, le trader britannique responsable de la faillite de la banque Barings en 1995.

 

 

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