Pas moins de 190 millions de livres, soit 225 millions d'euros, c'est le total cumulé des estimations données jeudi 11 août 2011 par l’Association des assureurs britanniques (ABI). Elle insiste sur le côté provisoire de ces chiffres qui sont probablement amenés à augmenter dans les jours qui viennent.
Dans le coût des émeutes, il faut d'abord compter les dégâts matériels, c'est-à-dire les réparations pour les commerces incendiés ou saccagés et les opérations de nettoyage. Ces dégâts sont pour le moment évalués à un tiers du total.
Et puis, il y a le reste. Autrement dit, tout le manque à gagner pour les commerçants qui n'ont pas pu ouvrir leurs boutiques pendant les quatre jours d'émeutes, même ceux qui n’ont pas été directement touchés. L’une des principales associations de commerçants a initialement estimé la note à 90 milliards d’euros, mais le chiffre a maintenant presque doublé.
L’Etat à la rescousse
Les assureurs espèrent faire payer la facture par la police. C'est en effet aux forces de sécurité de rembourser les dommages, en cas d'émeutes, selon une loi britannique qui a plus d'un siècle. La police, elle, ne promet rien pour le moment. Elle ne dispose que de 80 millions d'euros de réserves financières, presque trois fois moins que les plus basses estimations du montant à rembourser.
C’est surtout l’Etat qui va mettre la main au portefeuille. Le premier ministre David Cameron a déjà débloqué une aide de 11 millions d’euros pour les opérations de nettoyage, à laquelle s’ajoute la mise en place d’un fonds de plus de 20 millions d’euros, destiné à aider les commerçants à reprendre leurs activités.
Une économie déjà malmenée
La facture est élevée, et tombe à un moment malvenu pour l’économie britannique qui peine à décoller. Le PIB a enregistré une maigre croissance de 0,2 % lors du deuxième trimestre. L’économie a certes souffert de circonstances exceptionnelles : le séisme japonais a perturbé l’approvisionnement des entreprises, et le mariage princier fin avril a coûté plus qu’il n’a rapporté. Mais ce sont surtout l’inflation élevée et le plan d’austérité du gouvernement qui brident la consommation.
Le gouvernement a refusé à plusieurs reprises d’adoucir ce plan, qui prévoit des hausses d’impôts, des réductions massives des dépenses publiques, et la suppression de 300 000 emplois publics d’ici 2015.
Certains membres de l’opposition ont d’ailleurs sauté sur l’occasion pour accuser les coupes budgétaires d’avoir favorisé un climat propice aux émeutes. Ken Livingstone, l’ancien maire travailliste de Londres, a notamment déclaré : « Si vous effectuez des coupes massives, il y a toujours une possibilité qu’une révolte de ce genre survienne ».
L’explication ne convainc toutefois pas les Britanniques. Dans un sondage publié ce jeudi, seuls 8% d’entre eux citent le plan d’austérité comme l’une des causes des émeutes. La majorité d’entre eux y voit un problème bien plus criminel qu’économique.