Après une nouvelle nuit d’émeutes, les populations de plusieurs quartiers londoniens ont décidé de se mobiliser pour combler les défaillances d’une police dépassée. Malgré un renfort considérable de plusieurs milliers de policiers, portant leur présence à 16 000 dans les rues de la capitale britannique, les habitants craignaient de nouveaux pillages.
A Dalston et Hackney, dans le nord-est de la capitale britannique, où vit une importante communauté turque, des hommes armés de battes de baseball et de bâtons se sont battus contre des jeunes cagoulés. Ils ont ensuite passé la nuit regroupés, épaule contre épaule, formant un bloc pour dissuader d’autres pilleurs.
Dans le sud de Londres, des centaines de Sikhs ont patrouillé durant toute la nuit après que des rumeurs ont affirmé que les pilleurs comptaient s’en prendre aux bijouteries. A pied ou à moto, ils ont surveillé la gare locale pour guetter l'arrivée d'éventuels fauteurs de troubles. A Enfield, quelque 200 personnes ont sillonné les rues.
Filmées par un vidéaste amateur, les images sont impressionnantes.
« La police n’est pas là, alors nous nous défendons nous-mêmes. Je ne sais pas si nous enfreignons la loi, mais que pouvons-nous faire d’autre ? », s’interroge, visiblement désemparé, Mehmet, un commerçant de Hackney cité par le quotidien britannique The Independent. « Nous nous organisons pour défendre nos rues. Je ne veux pas faire justice moi-même, mais si je le dois, je le ferai », affirme un autre.
Car c’est l’inefficacité de la police pour les défendre que les habitants critiquent. Dans le quartier de Peckham, dans le sud-est de la capitale, les employés d’un supermarché racontent ainsi comment ils se sont cachés pendant que des pilleurs ravageaient le magasin, emportant de l’alcool et de la nourriture. « Nous nous sommes enfermés dans mon bureau et nous avons appelé la police. Il lui a fallu plus d’une heure pour arriver », s’exclame le responsable du magasin, repris par le Daily Mail.
La police critique l'autodéfense
Consciente de son impuissance, la police désapprouve néanmoins la création de groupes d’autodéfense. Le préfet de police adjoint Steve Kavanagh a ainsi affirmé que ses hommes n’avaient pas besoin de ces « prétendus groupes d’autodéfense, qui semblent avoir trop bu et nous empêchent de faire notre travail, à savoir mettre fin aux pillages ». « Ce dont nous avons besoin, c’est que les populations permettent aux officiers d’empêcher les pillages et la criminalité », a-t-il insisté.
Plus de 80 personnes ont été arrêtées depuis hier mardi soir à Londres, qui a connu une nuit plus calme que les précédentes. Les pillages et les violences se sont en revanche accrus dans plusieurs villes du pays, notamment à Manchester, Birmingham, Liverpool et Bristol. A Manchester, la troisième plus grande ville d’Angleterre, des centaines d’émeutiers sont descendus dans la rue, provoquant la plus grande vague de violences que la ville ait connue depuis trente ans.
Ce mercredi 10 août, le Premier ministre David Cameron a tenté de rassurer la population britannique en promettant une augmentation des moyens mis en œuvre pour mettre fin aux émeutes. Des canons à eau devraient notamment être utilisés.