Vélos, capuches et BlackBerry

Les émeutes du week-end dernier dans la banlieue de Londres se sont propagées dans différentes villes du Royaume-Uni jusqu’à lundi 8 août. Les jeunes responsables d’avoir provoqué des incendies et des scènes de pillage sont soupçonnés d’avoir utilisé plus particulièrement la messagerie BlackBerry. Le réseau social : un suspect habituel ?

Pour comprendre en partie les émeutes londoniennes de ces derniers jours, il faut expliquer comment les Anglais (et surtout les jeunes) utilisent leurs téléphones portables. Et tout particulièrement leur BlackBerry... Ce Smartphone développé par l'entreprise canadienne Research In Motion (RIM) est un téléphone intelligent destiné à l’origine aux cadres supérieurs.

Barack Obama en possède un modèle unique développé spécialement pour sa fonction de président des Etats-Unis. Mais paradoxalement, ce téléphone, destiné aux classes dirigeantes qui veulent pouvoir travailler en toutes circonstances, est devenu depuis quelques années le mobile préféré des adolescents anglais. Jay z, un producteur de musique populaire, en fait régulièrement l’éloge et les jeunes ne décrochent plus de leur BB (BlackBerry), à tel point qu’on surnomme ces utilisateurs accros : des « crackberries ». Ils ont abandonné les SMS au profit d’une messagerie instantanée (en constant mode push), quasi gratuite et discrète…

Des messages de haine sur la messagerie BlackBerry

Tellement discrète que la messagerie du BB, sécurisée grâce à un algorithme de cryptage Triple DES, s’est avérée redoutable ce week-end au Royaume-Uni. Ainsi, l'application BlackBerry Messenger (BBM) permet à ses abonnés de s'échanger gratuitement des messages transitant par Internet et non par le réseau téléphonique. De plus ceux-ci ne peuvent être partagés qu'uniquement si les deux correspondants se sont communiqué leur code personnel (PIN) auparavant. Ce qui rend donc l'interception des messages par un tiers, ou par la police, hasardeuse. Ce système sécurisé est beaucoup plus difficile à suivre que les habituels réseaux sociaux. Ces derniers, plus transparents, avec des discussions quasi publiques, sont facilement accessibles et traçables, si nécessaire, par la police.

Depuis le jeudi 4 août, des messages de haine circulaient sur la messagerie BB, mais ils ont fait moins de bruit que s’ils avaient été propagés sur des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter. Et l’insoupçonnable traînée de poudre s’est terminée en gigantesque incendie à la périphérie de Londres hier soir. Les soupçons concernant la force de nuisance de la messagerie BB dans la propagation de ces émeutes sont si importants que la firme canadienne a décidé ce jour de collaborer avec la justice anglaise.

La fracture avec le réseau social classique était même grande car au même moment sur Twitter les messages avaient plutôt un caractère négatif concernant les émeutes. Et sur la page Facebook en hommage à Mark Duggan, dont le décès est à l’origine de ce mouvement de révolte, on déplorait vivement les événements. D'ailleurs, depuis aujourd'hui ce sont des initiatives de nettoyage qui se sont organisées sur le réseau social et la Toile…


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