L’ampleur des massacres qui ont frappé la Norvège vendredi montre que leur auteur présumé, Anders Behring Breiving, est « dément », a estimé mardi 26 juillet son avocat Geir Lippestad. Le défenseur de Breiving n’a pas précisé s’il comptait plaider la démence mais a déclaré que son client, qui reconnaît les faits, « déteste tous ceux qui croient en la démocratie ». Selon lui, Anders Behring Breiving a évoqué l'existence de « deux (autres) cellules en Norvège et de plusieurs cellules à l'étranger ».
Toutefois, la police est convaincue que le tueur a agi seul et non en lien avec un quelconque réseau terroriste lié à l’extrême droite. « Nous pensons que l'accusé est très peu crédible quand il affirme cela, mais on n'ose pas totalement écarter l'hypothèse », a déclaré un enquêteur à l'agence Reuters. Les experts y voient surtout de la mégalomanie. Signe que les enquêteurs ne croient pas à la thèse du complot, les contrôles aux frontières imposés ont été levés lundi 25 juillet.
Zapatero veut « réagir face à la xénophobie »
En l’absence d’un complot extrémiste, les accusations fusent néanmoins de toute part contre les partis européens populistes ou d’extrême droite. Des journaux, des partis de gauche et des associations antiracistes établissent un lien, plus ou moins direct, entre le geste de l’auteur présumé et leurs thématiques hostiles à l’islam, à l’immigration extra-européenne ainsi que leurs discours parfois radicaux contre le multiculturalisme.
Mardi 26 juillet, le quotidien néerlandais progressiste NRC Next prenait ainsi pour cible le leader populiste Geert Wilders, dont le Parti pour la Liberté (PVV) dispose de 24 sièges de députés sur 150. Tout en assurant que Geert. Wilders « n'est pas complice des actes d'Anders Behring Breivik », le journal l’appelle à clarifier son discours sur la lutte contre l'islam en Europe pour éviter que le carnage de vendredi en Norvège ne fasse des émules.
Le chef du gouvernement espagnol, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, a appelé à une « réponse politique » concertée de l'Union européenne, pour « combattre le radicalisme » et « réagir face à la xénophobie ». En France, le Mrap, une ONG antiraciste et plusieurs dirigeants socialistes ont rapproché plus ou moins ouvertement les programmes des partis d'extrême droite, en pleine progression dans l'électorat, et les actes du tueur norvégien présumé qui affichait sur internet son aversion pour l’islam et son antimarxisme.
Marine Le Pen condamne « ces actes barbares et lâches »
A Oslo, à Paris ou encore à La Haye, les partis incriminés ont rapidement rejeté tout amalgame avec les attentats de Norvège. Du Parti du Progrès (FrP) norvégien, auquel le tueur présumé a adhéré pendant quelques années, au Front national (FN) de la Française Marine Le Pen en passant par PVV néerlandais de Geert Wilders, tous ont ostensiblement pris leurs distances avec celui qu'ils ont décrit comme un « malade » ou un « psychopathe solitaire ».
« Traditionnellement, on veut compromettre les partis de droite avec des gens pareils », a déploré de son côté l'homme fort de la formation flamande Vlaams Belang, Filip Dewinter. « C'est de l'amalgame », a-t-il déclaré à l'AFP. Quant à Marine Le Pen, elle a dénoncé une tentative de « créer la confusion dans les esprits ». Dans un communiqué, la présidente du FN condamne « ces actes barbares et lâches » et exprime sa « totale solidarité » avec les Norvégiens.