Le sommet de la zone euro a voulu faire du Fonds européen de stabilité financière une véritable force d'interposition entre les marchés financiers et les pays auxquels ces marchés s'attaquent, l'un après l'autre, parce qu'ils considèrent ces pays comme les plus faibles. Après la Grèce, il y a eu le Portugal et l'Irlande et, plus récemment, l'Espagne et l'Italie.
Les dirigeants européens veulent aussi faire de ce Fonds européen de stabilité financière un dispositif permanent qui serait maintenu à partir de 2013 avec l'entrée en vigueur du Mécanisme européen de stabilité, qui doit succéder à l'actuel fonds de secours. Ce sera donc un outil destiné à préserver la zone euro, dans son ensemble, des difficultés rencontrées par un ou plusieurs des pays de la zone.
Le fonds créé en mai 2010 a vite fait la preuve qu'il était insuffisant pour enrayer la crise. Il aura désormais la possibilité de racheter aux banques, en se substituant aux Etats, des parts de leur dette, c'est-à-dire des obligations dites « souveraines ». Cela aura pour effet de soustraire ces obligations à la spéculation ou à l'incapacité de rembourser. Le fonds pourra aussi prêter de l'argent à un « prix d'ami », avec des taux d'intérêt plus bas et une durée plus longue que dans les conditions actuelles et cela de manière préventive, sans attendre que la crise éclate dans un pays membre.
Euro-obligations à l’horizon
C'est donc un premier pas vers l'émission d'euro-obligations qui seraient, elles, le point d'aboutissement d'une véritable solidarité entre tous les pays de la zone euro. Les obligations émises par une structure européenne comme le Fonds de stabilité financière permettaient de faire profiter les pays les plus faibles des taux d'intérêt bas accordés par les marchés aux pays les plus forts.
Pour lever des financements sur les marchés financiers, le fonds de stabilité européen est crédité par les agences de notation de la meilleure note, le fameux « 3 A ». Obtenir des fonds pour les prêter de nouveau aux pays en difficultés lui revient beaucoup moins cher qu'à ces pays eux-mêmes.
Vers un Fonds monétaire européen ?
Ce renforcement de la solidarité entre pays de la zone euro, c'est ce que Nicolas Sarkozy appelle un embryon de Fonds monétaire européen. Il s'agit d'aller vers une mutualisation des risques : les pays les mieux notés constituent une sorte de rempart pour protéger les autres, et c'est un taux d'intérêt moyen qui leur serait appliqué à tous. Un premier pas donc, mais c'est un premier pas seulement. Car pour aller vers une vraie institution financière européenne de type « fédéral », il faudra en accomplir bien d'autres.
Tout d'abord, les pouvoirs du Fonds européen de stabilité économique ont été renforcés mais pas ses moyens financiers. Le fonds dispose de 440 milliards d'euros mis à disposition par les membres de la zone euro. Pour l'instant, il n'est pas question de lui en donner davantage. Et la zone euro n’est pas une fédération : chaque pays conserve son budget et ses impôts. Les politiques économiques ne sont pas harmonisées, tout au plus vérifie-t-on qu'elles ne sont pas totalement contradictoires.
Une occasion à saisir
D'où l'idée d'améliorer la gouvernance de la zone euro. Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont estimé que la crise grecque était l'occasion à saisir pour faire un saut qualitatif dans le sens d'une meilleure intégration européenne.
La France et l'Allemagne vont donc faire des propositions communes, fin août ou début septembre 2011, pour mieux cordonner les politiques économiques et financières. Ces propositions sont annoncées comme « ambitieuses et volontaristes ». L’une des premières mesures pourrait être la création d'une agence de notation européenne afin de s'affranchir quelque peu de l'omnipotence des trois agences qui font actuellement la pluie et le beau temps sur les marchés financiers internationaux.