En 1981, le général Jaruzelski impose l’état de siège en Pologne. La censure sévit. Tout se fait sous le manteau, et les artistes sont contraints d’employer détours et métaphores pour faire passer leurs messages. L’un d’eux situe son film Tango dans une HLM de banlieue. « C’est une pièce historique qui a été créé par Zbigniew Rybczyński, un auteur de film d’animation très connu, explique Zofia Machnicka, commissaire de l’exposition. Rybczyński a fait ce film Tango en montrant comment les gens étaient entassés dans les petites espaces, dans les appartements minuscules, qui est notre problème quotidien dans les villes qui ont été complètement changé par le système communiste. »
L'imaginaire et la fantaisie
D’un côté la laideur rébarbative des immeubles en béton, de l’autre la grâce nostalgique du Tango, musique exotique dans la Pologne des années 1980. Tango, comme la plupart des œuvres présentées dans l’exposition, joue des contrastes pour mieux dénoncer. « Le pouvoir de l’imagination nous a servi de point de départ aussi sur la réflexion sur l’art polonais contemporain et historique, même sur la culture polonaise. L’imaginaire et la fantaisie étaient des outils qui permettaient aux Polonais de faire face à la réalité qui n’a pas été toujours très heureuse. La fantaisie était un outil utilisé par les artistes mais aussi par la société pour s’opposer aux conditions matérielles difficiles. »
A côté de Tango, une installation montre un groupe d’hommes robots qui se dirigent vers une destination inconnue. Cette œuvre est un travail collectif, réalisé sous la houlette de l’artiste Pawel Althamer, qui l’a intitulée la Tâche commune. « On le voit très bien dans l’exposition, remarqueSophie Lauwers, directrice des expositions du Musée Bozar, c’est presque une histoire de la Pologne racontée avec beaucoup d’absurdisme, beaucoup d’humour, et en même temps, c’est aussi l’histoire de l’Europe. En fait, il y a un passé qui reste très présent. »
Les Polonais, toujours aussi actifs au niveau politique
Certains œuvres s’attaquent d’ailleurs frontalement aux emblèmes du pouvoir communiste. L’une d’elles reprend l’action d’un groupe d’activistes du syndicat Solidarnosc, qui, en 1985, parvient à faire passer sur les ondes de la télévision officielle de brefs messages appelant à l’insurrection. « L’artiste contemporain Igor Krenz a décidé de reconstruire cette pièce en 2006 pour rappeler ces événements, mais aussi pour montrer cet activisme des Polonais qui sont toujours aussi actifs au niveau politique et ce côté des Polonais qui sont toujours aussi militants et s’opposent au pouvoir abusif. »
Le pouvoir abusif est l’un des fils rouges de l’exposition. Preuve que, 22 ans après sa chute, le communisme reste un sujet douloureux, ancré dans toutes les mémoires.
L’exposition The Power of Fantasy, jusqu’au 18 septembre au Palais des Beaux-Arts (Bozar) à Bruxelles