Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Si la page Twitter de l’artiste reste désespérément blanche ce jeudi 23 juin 2011, ses près de 89 000 abonnés savent très bien qu’Ai Weiwei a reçu pour consignes de se taire.
C’est même peut-être l’une des premières conditions à cette libération. Le concepteur du « nid d’oiseaux » s’est donc limité à un simple « merci » adressé hier soir vers minuit aux jeunes artistes internationaux qui travaillaient avec lui et qui étaient venus l’attendre avec des bières fraîches et quelques chaises devant sa galerie du quartier d’art de Chaochangdi au nord-est de la capitale.
Quelques mots échangés encore ce jeudi avec son ami avocat Liu Xiaoyuan. Nouveau texto envoyé vers 6h30 suivi par un coup de fil : « Ma situation reste très compliquée » confie l’artiste, il faut encore « faire attention ». « Je suis très heureux » mais « je ne peux donner aucune information ». Un message inhabituel chez quelqu’un qui n’a pas sa langue dans sa poche.
Forêt de pancartes du « gros barbu »
Ai Weiwei aurait « confessé ses crimes » et « accepté de payer ses impôts » affirme l’agence officielle Xinhua reprise par tous les journaux chinois ce matin. Ce genre d’autocratique est généralement exigée des dissidents avant toute remise en liberté.
La « libération sous caution » étant aussi un moyen de forcer le suspect au silence, pour des autorités, semble t-il, embarrassées par cette affaire. La notoriété de l’artiste lui a valu une campagne de soutien internationale relayée par les médias du monde entier.
Le premier ministre chinois entame demain une visite de quatre jours en Europe. Wen Jiabao n’avait certainement pas envie de devoir traverser des forêts de pancartes, avec la figure du « gros barbu » Ai Weiwei, partout sur son passage.