Avec notre envoyé spécial à Srebrenica, Jean-Arnaud Dérens
Parmi les dizaines de milliers de personnes qui se pressaient au mémorial de Potocari, l’arrivée d’une délégation a été comme chaque année particulièrement remarquée, celle des « femmes en noir » de Belgrade, des féministes et pacifistes serbes qui participent depuis seize ans à toutes les commémorations du génocide de Srebrenica.
Dimanche 10 juillet 2011 au soir, une centaine de militants avaient fait un immense cercle sur la place de la République, dans le centre de Belgrade, portant sur de grands panneaux blancs les noms des quelque 5 000 victimes déjà identifiées. Elles ont lu le nom des 614 nouvelles victimes qui ont été enterrées aujourd’hui à Potocari. La foule passait, largement indifférente, dans la capitale serbe accablée par la chaleur.
Se définissant comme des anti-fascistes et des anti-militaristes, les « femmes en noir » sont des militantes acharnées de la mémoire dans une Serbie qui pratique toujours le déni ou l’oubli des crimes commis.
Cette année, aucun représentant officiel de Belgrade n’avait fait le déplacement à Srebrenica où les « femmes en noir » étaient donc les seules représentantes serbes. Elles disposent d’ailleurs d’un ultime privilège : c’est la seule organisation qui a le droit de déployer ses banderoles à l’intérieur du mémorial durant les cérémonies.