Avec notre correspondant à La Haye, Pierre Bénazet
Ratko Mladic avait menacé de boycotter l’audience tout bonnement, dans l’espoir apparemment, d’obtenir la désignation des deux avocats de son choix : un Serbe et un Russe. Sa présence inattendue au tribunal ce lundi 4 juillet 2011 dans la matinée pouvait donc laisser croire qu’il avait l’intention de s’intéresser au minimum aux procédures à son encontre.
On s’est très vite rendu compte qu’il n’en était rien, quand il a commencé par refuser d’enlever sa casquette, la remettant après qu’elle lui ait été enlevée par les gardes à la demande du juge.
De fait, pendant les trois quarts d’heure qu’a duré sa présence à l’audience, Ratko Mladic n’a cessé de perturber le cours des choses, interrompant le juge en permanence, faisant des signes d’intelligence à certains de ses partisans assis dans la galerie du public, ou tournant carrément le dos au juge, sous prétexte qu’il n’entend bien que d’une oreille.
Le ton a monté, et après plusieurs avertissements, le président de la cour a fini par le faire expulser. Il a été ramené manu militari vers sa cellule, sous les huées des victimes présentes dans le public.
Après son départ, les juges ont relu les onze chefs d’accusation à son encontre, obligés en son absence, de considérer qu’il plaide non coupable. Un plaidoyer qui pourra être modifié dans les jours ou les mois qui viennent.
Contrairement à Milosevic et Karadzic, qui s’étaient lancés dans d’interminables diatribes pour dénoncer un tribunal qualifié par eux « d’illégal » ou « d’illégitime », Ratko Mladic ne maîtrise apparemment pas la rhétorique, puisqu’il se livre, lui, à des perturbations qui s’apparentent plutôt à de pathétiques caprices infantiles.