Avec notre envoyé spécial à La Haye,
Au juge du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie qui lui demande de décliner son identité, Ratko Mladic répond : « Je suis le général Ratko Mladic », sur un ton autoritaire avec, en prime, un salut militaire, de la main gauche puisque son bras droit est affaibli.
Après des années passées à se cacher, l’ancien commandant de l’armée bosno-serbe a vieilli. Il paraît avoir quelque peu perdu de sa superbe avec sa casquette blanche et son costume vert de gris dans lequel il flotte.
Mais malgré ces années à fuir la justice internationale, Ratko Mladic ne semble rien, en fait, avoir perdu de sa détermination. Il écoute le juge énoncer les chefs d’accusation avec le menton en avant et quelque fois un sourire ironique, et de plus en plus d’arrogance, même s’il essaie de donner l’impression de n’avoir rien à faire là.
Le juge égraine les atrocités dont il est accusé comme chef de guerre de 1992 à 1995 en Bosnie : viols, massacres, meurtres, déportations se suivent. Et c’est la litanie des localités et de leur cortège d’horreurs : Sarajevo, Srebrenica, Priedor, Omarska… « Un acte d’accusations monstrueux », s’insurge Ratko Mladic. « Je suis ici non pas pour moi-même mais je défends mon pays et mon peuple ».
Après une courte période à huis clos, destinée à permettre à Ratko Mladic d’évoquer son état de santé, le juge annonce qu’il a trente jours pour dire s’il plaide coupable ou non coupable.
L’audience est levée. Il est midi moins vingt à La Haye : dix-neuf ans après le début de la guerre en Bosnie.