Un remaniement gouvernemental pour retrouver la confiance des Grecs

C’est par un jeu de chaises musicales à l'intérieur de son gouvernement que Georges Papandréou cherche à en finir avec le psychodrame qui paralyse son pays. Le but est de regagner la confiance des Grecs et de faciliter l’adoption d’un plan d’austérité exigé par l’UE et le FMI. Le plan qui sera voté avant la fin du mois prévoit 28 milliards d'euros d'économies supplémentaires d'ici 2015, via des hausses d'impôts et un plan massif de privatisations.

L'ancien ministre de la Défense Evangelos Venizelos devient le nouvel homme fort du gouvernement grec en remplaçant le ministre des Finances Georges Papaconstantinou. Le départ de M. Papaconstantinou de son poste était attendu. Apprécié à l'étranger, il était en revanche critiqué par la base des élus du parti socialiste, le Pasok au pouvoir, pour avoir imposé à marche forcée l'austérité aux Grecs afin d'obtenir le prêt de 110 milliards d'euros accordé en mai 2010 par l'UE et le FMI pour éviter une faillite.

« La faillite serait une catastrophe nationale »

Pour éviter la banqueroute, Athènes compte sur douze milliards d'euros d'aide supplémentaire - mais sans un nouveau plan de rigueur, le FMI et l'Union européenne refusent de mettre une nouvelle fois la main à la poche.

Selon Spyros Kouvelis, secrétaire d'Etat au ministère des Affaires étrangères et député du Pasok, les Grecs n'ont pas le choix : « Il y a deux solutions. L’une est d’avoir une relation de confiance avec l’Union européenne et le FMI afin de poursuivre le programme d’aides jusqu’au moment où on pourra retomber sur nos pieds. L’autre solution est la faillite. Mais la faillite serait une catastrophe nationale ».

La menace de banqueroute pèse depuis plus d’un an comme une épée de Damoclès au-dessus de la Grèce. Lorsque les socialistes du Pasok ont remplacé le gouvernement conservateur du parti Nouvelle démocratie, en octobre 2009, la Grèce affichait déjà une dette publique abyssale et un déficit qui dépassait les 15% du PIB.

A peine arrivés au pouvoir, les socialistes ont donc dû ficeler un plan de rigueur drastique. Réduction des salaires des fonctionnaires et du revenu minimum, baisse des retraites : les Grecs ont dû avaler de nombreuses pilules amères. Seulement voilà, jusqu'à présent, cette cure d'austérité n'a eu aucun effet tangible.

Aujourd'hui, personne ne croit plus aux recettes miracles. Georges Prevelakis, professeur à l’université de la Sorbonne à Paris, en est convaincu : la colère des citoyens vient du manque de perspectives : « Malgré tous leurs efforts, les gens ont le sentiment que leur situation est pire aujourd’hui qu’il y a un an ».

La méfiance des électeurs est profonde

De nombreux Grecs n'en peuvent plus de cette classe politique qui s'en prend aux revenus des petits ménages au lieu de s'attaquer aux deux grand maux qui minent le pays : le clientélisme et la corruption. Le socialiste Costas Motopoulos craint d'ailleurs que ni le remaniement du gouvernement ni même des élections anticipées ne puissent changer la donne. La méfiance des électeurs est trop profonde à son avis : « Il y a un énorme problème de crédibilité. C’est une vague de méfiance vis-à-vis de tout le personnel politique. Face à de très probables élections anticipées, cela représente un risque. On est confronté à une vague de rejet sans une véritable solution de rechange ».

 

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