Une écrasante majorité des votants, plus de 90%, a rejeté le retour à l’énergie nucléaire, la privatisation de la gestion et de la distribution de l'eau, et surtout l'immunité pour le chef du gouvernement. La participation a été très forte, frisant les 55%. Cela faisait seize ans que le quorum (50% de votants plus une voix) n'avait pas été atteint pour ce type de scrutin. « Si le vote aux municipales [le Peuple de la liberté, le parti de Silvio Berlusconi, a perdu Milan et Naples, il y a quinze jours, ndlr] était une gifle, celui-ci est un K.O. pour le centre-droit », écrit le quotidien milanais Corriere della Sera. La presse de droite ne veut pas croire que c’est la fin du « Cavaliere ». Mais la magie est rompue et pour la majorité des journaux italiens, ce scrutin marque le début du crépuscule du président du Conseil.
Silvio Berlusconi redoutait surtout le référendum qui annule la loi dite d'« empêchement légitime » qui lui aurait offert l’immunité. Il est actuellement poursuivi dans trois affaires, dont celle du « Rubygate » pour détournement de mineur. Il est jugé depuis le 6 avril pour avoir rémunéré les prestations sexuelles d'une mineure marocaine surnommée Ruby et pour avoir commis un abus de fonction en appelant la police de Milan afin de la faire libérer, alors qu'elle venait d'être interpellée en mai 2010 pour vol présumé. La défense se plaignait que Silvio Berlusconi soit jugé selon la procédure immédiate. La juge a confirmé le choix de la procédure pour favoriser, dit-elle, « un déroulement rapide du procès ». Désormais, Silvio Berlusconi ne pourra échapper à ces juges qu’il honnit et accuse fréquemment de complot.
Défaite de Berlusconi ou victoire pour l’opposition
La fin du berlusconisme est avant tout la victoire des citoyens, comme le dit Angelo Bonelli, le chef des Verts : « Les Italiens se sont réappropriés leur destin et ont transformé le pays en un grand Parlement qui remplace ce Parlement qui ne légifère plus ». Le chef du Parti démocrate, le principal parti de gauche, Pier Luigi Bersani, affirme que sa formation est désormais « le premier parti d'Italie » et appelle Silvio Berlusconi à démissionner. La gauche, encore divisée, n’est pas encore prête à la bataille et les prochaines élections législatives ne sont prévues qu’en 2013.
Tant que sa coalition avec la Ligue du Nord n’est pas rompue, Silvio Berlusconi devrait continuer à gouverner. Umberto Bossi, le chef de la Ligue, a réagi à la défaite en déclarant : « Berlusconi a perdu sa capacité de communiquer », mais cela ne veut pas dire qu’il va le lâcher. Berlusconi est une bête de scène, il rebondit avec une audace qui a toujours surpris la classe politique. La Ligue devrait surtout profiter de sa faiblesse pour relancer ses projets de réformes notamment fiscales.
Un vote symbolique sur le nucléaire
La décision sur le non-retour au nucléaire est avant tout symbolique puisque l'Italie avait abandonné cette énergie en 1987 après la catastrophe de Tchernobyl à l'issue d'un référendum. Les quatre centrales alors opérationnelles ont été arrêtées en 1990 et le dernier chantier est resté inachevé. Ce nouveau vote donne un coup d'arrêt définitif aux projets du gouvernement Berlusconi, qui avait annoncé en 2008 la construction de centrales en partenariat avec la France à partir de 2014 pour un retour à la production d'énergie nucléaire en 2020.