Tandis que les scientifiques continuent leurs recherches pour trouver quelle est l’origine exacte de la bactérie E.coli, un plan de soutien a été adopté par les ministres européens de l'Agriculture. Ils sont actuellement réunis à Luxembourg.
L’Union européenne va donc débloquer 150 millions d’euros pour venir en aide aux maraîchers. Leurs ventes se sont effondrées depuis que le concombre espagnol, puis le soja et les graines germées cultivées en Allemagne, ont été suspectées de véhiculer la bactérie mortelle.
L'Espagne, particulièrement touchée, a demandé des mesures exceptionnelles pour compenser les pertes des maraîchers installés à l'extrême sud du pays.
La ministre espagnole de l'Agriculture, Rosa Aguilar, a immédiatement réagi à la proposition du commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos, estimant que les fonds débloqués seront insuffisants pour compenser les pertes des agriculteurs espagnols.
Les fonds débloqués par la Commission européenne devraient servir à dédommager les producteurs de tomates, laitues et concombres. Ceux qui sont membres d'organisations de producteurs ont déjà droit à une compensation d'environ 30% de leurs pertes et les fonds européens débloqués devraient s'y ajouter.
La Fédération européenne des produits frais, Freshfel, a évalué les pertes hebdomadaires dans le secteur agricole des différents pays producteurs. Le manque à gagner est évalué à 200 millions d'euros pour les producteurs espagnols, de loin les plus touchés. Chaque semaine, le manque à gagner est estimé à 80 millions d'euros pour les Pays-Bas ; 20 millions d'euros pour l'Allemagne ; 4 millions pour la Belgique et 3 millions pour le Portugal.
Pour sa part le ministre français de l'Agriculture Bruno Le Maire refuse de mettre un chiffre sur les pertes subies par les producteurs français. Pour le ministre français, les agriculteurs ne se contenteront pas de la compensation de 30% fournie par les organisations professionnelles même si l'Union européenne y ajoute une indemnisation. Pour Louis Vinet, président de la fédération des maraîchers nantais (ouest de la France), ces mesures sont loin d’êtres suffisantes :
« Les aides qu’ils nous proposent restent quand même très limitées et ne suffiront pas pour sauver nos entreprises.
La Commission européenne nous donne 25 % des pertes. 25 % des pertes, ce n’est pas la totalité de ce qu’on a perdu. Il faudrait que le ministre (français) de l’Agriculture puisse compléter, et nous permette ainsi de passer cet épisode sans trop de casse.
Donc, si l’Europe nous donne 25 %, pourquoi l’Etat français ne complèterait pas à 75 % ? Cela ferait en sorte que nos entreprises ne soient pas fragilisées par cette crise.
Il faut dire qu’en plus, en France, on a eu un gouvernement qui ne s’est jamais impliqué dans la crise et qui n’a jamais soutenu ouvertement ses producteurs de légumes.
C’est de l’argent qu’ils vont gaspiller, pour moi, c’est un gaspillage. On aurait très bien pu s’en passer si, dès que les concombres espagnols ont été mis hors de cause, l’Etat français avait communiqué en disant aux citoyens qu’ils pouvaient continuer à manger des fruits et légumes en toute sécurité ».